Page:Faucon - Le petit trappeur, 1875.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
119
l’aricara

Toute la troupe se précipita dans l’eau, repoussant les flots de leur énorme masse. En peu d’instants ils atteignirent l’autre rive, reprirent leur course désespérée et disparurent.

Évidemment un ennemi dangereux pouvait seul avoir été la cause d’une telle panique, et j’attendais anxieusement ce qui allait arriver, quand je crus entendre derrière le rideau d’arbres par lequel avaient débouché les bisons, des éclats de voix humaine, mêlés à des mugissements furieux. Je quittai mon abri, m’élançai dans la direction du bruit et en quelques minutes j’eus franchi l’obstacle qui s’opposait à ma vue.

D’un coup d’œil j’embrassai une scène dont je devinai aussitôt toutes les péripéties.

À environ cent pas de moi, un bison femelle couvrant de son corps un jeune veau dont les pieds étaient entravés par les cordes d’un lasso, se précipitait sur un Indien, armé d’une zagaie, qui avait lacé le jeune bison.

Je vis l’homme faire un faux pas, et avant qu’il eût pu s’échapper, l’animal l’enlevant sur ses cornes le jeta d’un violent coup de tête à quinze pas de là ; puis se précipitant avec une rage aveugle sur son ennemi, le front rasant le sol, les cornes menaçantes, il s’élança de nouveau