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portait à ses deux frontons, des sculptures monumentales représentant des scènes antiques d’une vie rude et intense ; la statue de Zeus, œuvre de Phidias, tout en ivoire et en or, avait 13 mètres de haut.

L’architecture grecque atteignit son éclat suprême sous Périclès, qui prit pour intendant des travaux, le sculpteur Phidias.

Les temples d’Égine et d’Olympie assouplirent leurs attitudes par des travaux aux formes vivantes dus aux ciseaux des sculpteurs de l’école de Délos.

Le plus somptueux des travaux entrepris fut la construction du Parthénon ou temple d’Athéna Parthenos, c’est-à-dire la Vierge. Les Perses avaient détruit le vieux temple de l’Acropole. Périclès en réédifia un autre. Des légions d’ouvriers y travaillèrent, taillant, disposant et sculptant les marbres du Pentélique. Le temple est le modèle achevé du temple grec à colonnes. Ces colonnes se groupaient sous trois styles différents : 1o l’ordre dorique ou dorien, la colonne est trapue, creusée de cannelures et supporte un chapiteau sans ornement, en forme de tablette ; 2o d’Ionie fut importé l’ordre ionique qu’on appliqua dans l’Acropole au temple de la Victoire sans ailes (Niké aptère), sur la colonne svelte repose un chapiteau dont les lignes en relief s’arrondissent de part et d’autre en spirales symétriques. L’architecte romain Vitruve les comparait à des cheveux de femme gracieusement ondulés ; 3o plus tard, à l’époque romaine, l’ordre corinthien s’exprima : les lignes classiques du chapiteau ont disparu, remplacées par une sorte de bouquet de feuille d’acanthe entremêlées d’arabesques.

Le premier style donne aux édifices un aspect massif, solide, rectiligne et sobre et Taine écrit dans la Philosophie de l’Art, que les Grecs ont merveilleusement évité ce qui, avec de telles données architecturales, pouvait sembler à l’œil trop rigide et trop sec : « Ils ont modifié de parti pris la rectitude grossière des formes mathématiques, ils les ont appropriées aux exigences secrètes de l’œil ; ils ont renflé la colonne par une courbe savante aux deux tiers de sa hauteur ; ils ont bombé toutes les lignes horizontales ; ils se sont dégagés des entraves de la symétrie mécanique ; ils ont entrecroisé, varié, infléchi leurs plans et leurs angles, de manière à communiquer à la géométrie architecturale, la grâce, la diversité, l’imprévu, la souplesse fuyante de la vie ». Salomon Reinach dit que : « Les proportions de l’ensemble captivent le regard par leur justesse et que la perfection technique de la construction n’est pas moins étonnante ; les grands blocs de marbre, les tambours des colonnes sont réunis et ajustés à l’aide de goujons et de tenons en métal, mais sans ciment, avec des joints aussi exacts que ceux de la plus délicate pièce d’orfèvrerie ».

Phidias eût dans ses doigts un art inimitable pour associer l’ivoire et l’or dans tous les tons et pour tous les effets. Vers 435, il fit la statue du Parthénon. Il disposait de plus de 1.000 kilos d’or affiné. Pausanias en fait la description suivante : « La statue est debout, vêtue d’un chiton (tunique) tombant jusqu’aux pieds et, sur la poitrine, elle porte la tête de Méduse en ivoire. La Victoire (qu’elle tient dans sa main droite) a environ 1 m. 80 de haut. D’une main, la déesse tient la lance ; à ses pieds est son bouclier et près de la lance, le serpent que l’on dit représenter Erectée ». Les parties nues étaient d’ivoire, les yeux en pierres précieuses, les vêtements en or, le bouclier portait des reliefs d’ivoire d’un travail infini sur un fond d’or ; le casque et le serpent étaient en bronze doré. Par le plafond ouvert de la cella, le soleil versait sa lumière sur la statue et l’animait de mille reflets chatoyants qui concouraient à l’éblouissement des regards et à la stupeur de l’âme devant ce prodige. On ignore dans quelles circonstances cette statue a disparu, vers 375 après J.-C.

D’autres temples surgirent près de l’Acropole, celui d’Erectée, avec son portique de cariatides sveltes et graves, celui d’Athéna, ouvrière, et celui de la Victoire, sans oublier le Temple de Thésée, commencé par Cimon.

Tous ont défié le temps. Plus ou moins mutilés par la barbarie, la convoitise et la stupidité des hommes, leurs ruines rient encore au soleil. Plutarque disait : « Qu’il y a en eux un esprit toujours rajeunissant et une âme non jamais vieillissante qui les entretient en telle vigueur ».

Le théâtre de Dionysos, à Athènes, a créé la tragédie grecque. Il pouvait contenir 30.000 spectateurs. Nos moyens scéniques actuels ne sont guère plus perfectionnés que ceux qui existaient à cette époque.

Berceau de la civilisation comme l’Égypte, la Grèce révéla au monde l’art de construire et la postérité ne l’oubliera jamais. Quand Renan vit Athènes après l’avoir longtemps étudiée, son âme fut puissamment secouée et il laissa ces mots :

« C’était l’idéal cristallisé en marbre pentélique qui se montrait à moi. »

Les Égyptiens occupent une très grande place dans l’histoire de l’Architecture. Ils furent de grands bâtisseurs. Ils ont couvert de monuments toute la vallée du Nil. Beaucoup d’entre eux existent encore intacts ou en ruines et surprennent le voyageur par leur aspect grandiose.

Madame Degouy-Wurmser écrit que ce sont des œuvres gigantesques qui semblent « construites pour l’éternité » tant elles donnent par leurs masses énormes et trapues, le sentiment de stabilité et de durée. Bien d’autres ont été édifiées après elles et ont disparu, pendant que les pyramides, les temples et les statues colossales des Égyptiens bravent l’action des siècles, non seulement grâce au sable qui en a conservé beaucoup comme dans un écrin, mais aussi grâce à leur structure et aux matériaux employés.

Généralement bas, les monuments se développent en longueur beaucoup plus qu’en hauteur et sont, dans leur lourde simplicité, en harmonie parfaite avec le paysage qui n’a point de sites imprévus, mais se déroule, avec la même ligne d’élévations, tout le long de la vallée. Le temple semble n’être qu’un prolongement de la montagne. « Il paraît, dit un voyageur, avoir été extrait en entier d’une montagne, et placé tel quel au milieu de la plaine ». Quelques-uns d’ailleurs, comme celui d’Ipsamboul, ont été taillés dans le roc même.

La forme affectionnée par les Égyptiens est pyramidale. Elle consiste à donner une largeur immense à la base et fait incliner les murs en talus.

Ils songent surtout à donner une impression d’éternité et de force. Ils n’ont pas comme les Grecs, l’instinct des proportions, le goût de la beauté harmonieuse, noble et élégante. Ils ne cherchent qu’à frapper, non à émouvoir ; « architectures de géants, ces constructions immenses semblaient élevées par des hommes de plus de 100 pieds ».

Ces monuments sont en granit noir, bleu ou rose, en pierre ou en grés, et généralement recouverts d’inscriptions et de peintures. Tout un peuple d’esclaves y travaillait. Sans doute, il y avait des architectes, des sculpteurs, des artistes experts pour la direction des travaux, mais la foule de manœuvres arrachés au métier des armes, aux travaux des champs, à la garde des troupeaux, selon la volonté du maître absolu « qui d’un geste, vidait une province entière » pour peupler de milliers d’hommes, chantiers et carrières, n’avait ni habileté ni goût, d’où les imperfections et les inégalités de certains détails. Monuments religieux, temples élevés aux dieux, tombeaux dédiés aux morts. Les