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comme des escargots d’argent dans le jardin des étoiles, ces nébuleuses spirales sont des systèmes en tout analogues à notre Voie Lactée et de dimensions comparables aux siennes.

Toutes ces voies lactées, la notre y comprise, se meuvent dans l’espace à raison de 600 à 1.000 kilomètres par seconde, tandis que les étoiles ne dépassent guère, en moyenne, 20 à 60 kilomètres par seconde.

On évalue la partie de l’Univers, actuellement accessible à nos calculs, à une sphère d’un diamètre de 300 millions et d’une circonférence de près d’un milliard d’années de lumière. C’est par 106 chiffres que s’exprime le nombre des atomes de tout cet ensemble.

Que sont petites et mesquines nos distances interplanétaires en comparaison de ces chiffres !…

En effet, Mercure, dont le diamètre, celui de la Terre étant un, n’étant que de 0,37, reçoit la lumière de l’astre du jour en 3 minutes environ, Vénus, sensiblement de proportions égales à notre planète, en 6 minutes ; Mars, au diamètre 0,54 du nôtre, en 12 minutes ; Jupiter, le géant de notre système, au diamètre 11,14, en 40 minutes ; Saturne, au diamètre 9,4, en 1 h. 15 minutes ; Uranus, au diamètre 4, en 2 h. 30 minutes, et Neptune, au diamètre 4,3, en 4 heures. L’étoile double Alpha du Centaure, de dimensions à peu près égales à notre Soleil et qui est l’étoile la plus rapprochée de nous, notre proxima, gravite à plus de quatre années de lumière de notre habitat céleste, qui est à 9 années de lumière de l’étincelant Sirius, soleil double dont l’astre principal a un volume 14 fois et la composante un volume 7 fois plus grand que celui de notre Soleil. Cette dimension est insignifiante en comparaison de celles des soleils géants, tels Canopus qui gravite à plus de 400 années de lumière de nous et dont le volume vaut 2.420.000 fois celui du Soleil, Betelgueuse 27 millions et Antaris du Scorpion 113 millions de fois celui de l’astre du jour.

Notre Soleil qui est, en moyenne, à 149.500.000 kilomètres de nous, a un diamètre 109 fois, une superficie 12.000 et un volume 1.300.000 fois plus grand que celui de la Terre.

La planète que nous habitons a un diamètre de 12.742 kilomètres, une périphérie de 40.000 kilomètres, une surface de 510 millions de kilomètres carrés et un volume de 1 trillion 83 milliards km. cubes, et son poids est de 6 septillions de kilos. La Terre tourne sur elle-même en 23 h. 56 m. 4 s., et autour du Soleil en 365 ¼ jours et marche à raison de 29 ½ kilomètres par seconde. La hauteur de notre atmosphère est de 100 kilomètres et l’épaisseur de l’écorce terrestre de 50 kilomètres. La température moyenne à sa surface est de 15 degrés centigrade, la température maxima de +56° et la minima de –63°.

La Lune, notre satellite, a un diamètre presque 4 fois, une surface 14 ½ fois et un volume 50 fois plus petit que la Terre. Elle nous montre toujours la même face est à 385.000 kilomètres de nous, et fait 1 k. 17 mètres par seconde.


L’homme se considérant souvent comme le chaînon intermédiaire entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, toutes les questions qui se rattachent directement ou indirectement à la conservation, la prolongation et « in spe » à l’éternité de son moi l’ont toujours passionné à l’extrême.

De ces questions nous voulons en retenir deux : l’âge de la Terre et celle autrement importante de la loi du progrès à travers les âges et si elle peut s’appliquer au grand-tout, à l’ensemble de l’Univers.

Quel est l’âge de la Terre en tant qu’astre indépendant, combien de siècles a-t-elle derrière, combien devant elle ? Sortie des entrailles ignées du Soleil et des milliards d’années avant son autonomie acquise, avec

lui, de la primitive nébuleuse stellaire, retombera-t-elle dans le Soleil, flambera-t-elle un jour à la suite d’une rencontre, peu probable, de l’astre du jour avec un autre soleil, ou se désagrègera-t-elle, vieillie et usée dans l’espace éternel ?

Nous ne possédons à l’heure qu’il est aucune donnée scientifique positive pour évaluer le temps qui a dû ou pu s’écouler depuis le commencement de la condensation de cette partie de l’éther inersidéral d’où provient la nébuleuse qui a donné naissance à notre système solaire.

Il est probable qu’il n’y a, astronomiquement parlant, pas un abîme de temps entre la naissance des astres qui constituent notre République planétaire.

La Lune est une terre morte, tandis que Mars, tout l’indique, doit encore être habité au déclin de sa vie organique. Quoi qu’il en soit, toutes les planètes de tous les soleils sont destinées, en vertu des lois qui régissent l’Univers, à moins d’accidents, à être habitées, à l’avoir été ou à le devenir.

L’âge de l’humanité remonte au maximum à 500.000 ans, à 100.000 au plus si on la date du langage articulé ; celui de la vie organique de la planète à 100 millions et l’âge de la Terre en tant que planète ne dépasse certainement pas quelques milliards d’années. On évalue généralement l’âge de notre Soleil à quelques centaines de milliards d’années.

Mais les hypothèses sur le refroidissement continu et rapide du Soleil ne semblent pas plus démontrées que celles qui prétendent que la Terre deviendrait inhabitable dans dix millions d’années.

Un boulet de fer de 3 centimètres de diamètre chauffé à 100° est refroidi à la température ambiante en 10 minutes. La Terre, dont le diamètre égale 400 millions de fois celui du boulet considéré aurait dû ne mettre que 8.000 ans pour se refroidir. Nous savons qu’il n’en est pas ainsi et nous concluons que d’autres causes sont ici en action.

Nous manquons, par conséquent, encore de donnée positive pour évaluer le nombre des milliards de siècles qui se sont écoulés depuis la naissance du Soleil et le nombre de millions d’années que mettront les mondes de notre République planétaire pour se dissoudre dans le néant, c’est-à-dire pour retourner à l’éther intersidéral, leur point de départ.

L’éther, substratum de l’Univers est, dit la science, seul éternel et ne serait pas soumis à l’action du temps, parce qu’il réunit en lui les attributs du temps et de l’espace.

Et cependant il semblerait qu’il y a corrélation entre la durée du temps qu’ont mis pour se former les mondes et la distance qui sépare les astres et qu’il serait probable qu’une vie planétaire est à la vie d’une grande nébuleuse en formation, ce qu’est la distance des planètes d’un même système comparé à celle qui sépare entre eux les étoiles et les systèmes stellaires.

J’avoue sur ce point me séparer de la science officielle et approuver Einstein dans sa tentative d’écarter la conception dualiste qui existe chez la plupart des athées et des matérialistes relativement au temps et à l’espace comme elle persiste chez les spiritualistes lorsqu’il s’agit du corps et de l’âme.

Einstein (laissons pour un moment de côté ses théories sur l’univers fini mais illimité et sur la loi d’isotropie ou d’égale propagation de la lumière dans toutes les directions) a prouvé l’interdépendance du temps et de l’espace, d’où il résulte qu’ils constituent, qu’ils font partie, comme la matière et la force ou le corps et l’âme, du même monos, de la même unité.

Cette conquête scientifique est, peut-être, aussi importante que celles de Newton, Kepler, Galilée et Copernic et elle est appelée à révolutionner nos idées sur l’éther intersidéral.