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de « résistance » qui s’occupe du mode d’organisation des grèves, des caisses de grève et de l’agitation contre les projets de loi inquiétants pour l’action économique.

Tous ces services divers exigent une somme d’aptitudes considérable et l’éducation rapidement poussée doit fournir aux Bourses les militants qui sont chargés de faire mouvoir les services.

Chaque service doit, autant que possible être divisé en Commissions ou Sous-Commissions qui spécialisent leur activité dans une branche générale et augmentent leurs connaissances générales par des conférences qui réunissent périodiquement toutes les Commissions par service d’abord et ensuite, ensemble, toutes les Commissions par un examen général de la situation de la Bourse, de son action, des difficultés économiques et sociales.

Peu à peu, les aspérités disparaissent et le fonctionnement s’assouplit, chaque service prend sa place et l’ensemble se meut avec régularité.



Le rôle d’avenir des Bourses du Travail. — Organismes de propagande et d’action faisant œuvre de résistance et d’éducation dans la société actuelle, les Bourses du Travail, qui devront se multiplier rapidement en période révolutionnaire, sont appelées à former les bases de la société nouvelle. Elles seront, par destination, les organes de l’organisation du travail, de la répartition des matières premières et des produits fabriqués, de l’échange entre les localités voisines. C’est dans leur sein, par le canal des représentants directs et contrôlés des travailleurs de tous les métiers, de toutes les industries que s’élaboreront les conditions de la vie urbaine, que se traiteront toutes les questions relatives à l’habitation, aux œuvres sociales, à l’enseignement, à tous les degrés. C’est sous la direction générale de la Bourse du Travail que travailleront de façon harmonique les Syndicats ; de même que c’est sous le contrôle et l’impulsion de ceux-ci que se coordonnera l’organisation de la production par les conseils d’usine et les Comités d’ateliers.

La Bourse du Travail sera dont la véritable base de l’organisation sociale dans la localité. Elle est appelée à remplacer la commune d’aujourd’hui, sans que, par avance, on fixe comme limites de son action celles de cette commune.

Fédérées entre elles, elles formeront l’organisation souple et vivace qui doit remplacer, dans le cadre de la région industrielle agricole, le vieil édifice départemental qui ne répond à aucune nécessité économique.

L’association des Bourses du Travail par régions, celles des régions pour l’ensemble du pays, constitue tout l’appareil nécessaire au fonctionnement social. Dotées des prérogatives qui découlent de leur rôle, une telle organisation doit-être en mesure de répondre à tous les besoins matériels et moraux des travailleurs.

En même temps qu’elle permettra le maximum d’initiative individuelle et d’expériences multiples qui feront franchir de nouveaux stades aux progrès, à l’évolution, découlant d’une émulation continue et non refrénée, la Bourse du Travail, coordonnera tous les efforts de tous et les fera converger vers un but unique.

Les confrontations des résultats obtenus par toutes les Bourses au cours des Conférences régionales ou des congrès nationaux, assurera la continuité des efforts sur le plan des réalisations nécessaires et du développement matériel et moral de la Société. Les essais techniques, les inventions, les applications infinies de la science limitées aux œuvres de la vie, non limitées dans les recherches et les expériences, permettront, sous l’égide des Bourses du Travail, d’accentuer le rythme de l’évolution humaine vers le mieux et d’ou-

vrir tous les horizons à une civilisation nouvelle qui sera pacifiquement propagée dans le cadre le plus large de la liberté individuelle, n’ayant pour limite que la liberté de tous et la nécessité de satisfaire les besoins de chacun et de tous associés dans une même œuvre de vie féconde et fraternelle. — Pierre Besnard.


BRÈCHE. n. f. On appelle brèche une ouverture faite à un mur, un rempart, une haie. Au sens figuré, le mot brèche sert à désigner un dommage. Exemple : faire une brèche à ses opinions. Le mot brèche est également employé dans quelques expressions fort courantes et très expressives. Être toujours sur la brèche, c’est-à-dire être en lutte et en activité soutenues, ne jamais désarmer ; mourir sur la brèche, c’est-à-dire en combattant ; Battre en brèche, c’est-à-dire attaquer avec force.


BREDOUILLE. n. f. Échec dans ce que l’on entreprend. Ce mot est aussi employé adjectivement : Revenir bredouille, c’est-à-dire revenir sans avoir réussi dans ce que l’on voulait faire. Ex. : Quand le peuple aura pris conscience de ses devoirs de classe, les politiciens reviendront bredouille de leur chasse aux électeurs.


BRIDER. v. a. Mettre la bride à, c’est-à-dire, au sens figuré (qui seul nous intéresse ici) réprimer, contenir, assujettir. Exemple : les dirigeants savent brider impitoyablement les foules en voie d’émancipation. Bridé hier par une noblesse blanche, bridé aujourd’hui par une bourgeoisie tricolore, bridé demain par une dictature rouge, le peuple a toujours eu les membres et l’esprit liés par les lois ou par les préjugés. Il lui faudra cependant se libérer de toutes ces entraves s’il veut pouvoir réaliser son rêve de liberté et de bien-être. Qu’il se souvienne que les anarchistes sauront mettre à sa disposition toutes leurs ressources de révolte.


BRIGANDAGE n. m. On désigne actuellement sous le nom de brigandage le vol à main armée lorsqu’il atteint une certaine envergure. La bourgeoisie a fait s’élargir peu à peu dans la langue cette acception, ce qui lui permet de se servir du mot pour désigner tout acte insurrectionnel ou toute reprise individuelle violente. Elle s’efforce ainsi de desservir ses adversaires, tels les anarchistes terroristes, dans l’esprit public, grâce au sens péjoratif du mot brigandage. Pourtant les brigands ne sont pas là où les bourgeois veulent les faire voir. Bien au contraire ils se trouvent parmi ces bourgeois eux-mêmes ou leurs valets. Prenons en effet le sens du mot brigand à son origine. Le mot de brigand fut donné au xive siècle à des soldats mercenaires qui portaient une cotte de maille dite brigandine. La profession de brigand devint, pendant la guerre de Cent Ans, une profession honorée. Les pillards logés dans les châteaux (qu’ils avaient soustraits à leurs dignes compères et concurrents : les seigneurs), rançonnaient le pays environnant. On le trouvait si naturel, en haut lieu, que l’on vit le pape Innocent VI, à Avignon, recevoir un brigand, Regnault de Cervote, dit l’Archiprêtre. On cite aussi parmi les brigands les plus célèbres : Aimarigot, Marches et Rodrigue de Villandrareda. On voit donc que le véritable sens du mot brigand n’a rien de commun avec le sens qu’on voudrait lui donner aujourd’hui en l’appliquant au pauvre bougre qui vole pour manger ou qui s’insurge contre les ignominies de la société actuelle. Les brigands sont tout simplement des soudards fainéants, assassins de métier, parfois encombrants pour leurs maîtres, lorsque ceux-ci n’ont pas de crimes à leur faire perpétrer. Vous croyez peut-être que cette espèce de brigands s’est éteinte avec la « civilisation » ? Détrompez-vous, elle