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vail de la collectivité. Ce ne serait cependant là qu’un demi-mal si leur rôle nuisible ne s’étendait pas plus avant. La Cour de Cassation ne s’occupe jamais du fond de l’affaire qui lui est soumise. Elle n’a pas le pouvoir d’augmenter ou de diminuer une peine. Elle annule un jugement si elle y constate des vices de forme, et renvoie l’affaire devant un tribunal compétent qui la juge à nouveau. Là se bornent ses attributions. Il faut, pour que la Cour puisse se prononcer, la présence d’au moins onze juges et ses décisions sont prises à la majorité des suffrages. Les audiences à la Cour de Cassation sont publiques.

On peut se pourvoir « en Cassation » à la suite d’un jugement du tribunal correctionnel, de la Cour d’appel, de la Cour d’assises ; mais il faut dire tout de suite que pour les Anarchistes ou tous ceux qui s’occupent du mouvement social de gauche, il n’y a aucune chance de bénéficier de la faveur ou de l’indulgence de ces hauts magistrats issus de la bourgeoisie et au service du capital.

De même que la Cour d’appel (Voir : Appel (Cour d’), la Cour de Cassation est un lieu de repos où s’en vont terminer leur existence les anciens présidents des tribunaux correctionnels ou des Cours d’assises, et le législateur fut bien mal inspiré, en 1790, lorsqu’il crut garantir l’application de la loi, au nom des libertés républicaines.

La loi et la magistrature ne seront jamais des organes de défense sociale et vont à l’encontre du but poursuivi, même si l’on admet la sincérité qu’anime le législateur et le magistrat. Comme toutes les institutions bourgeoises, la Cour de Cassation est un des piliers du capitalisme qu’il faut combattre pour le bien de l’humanité libre.


CASTE. n.f. Se dit des catégories, des classes entre lesquelles une nation est partagée par la loi civile et religieuse. Par extension, se dit aussi de certaines classes de personnes pour les distinguer du reste de la nation à laquelle elles appartiennent, et, dans ce sens ne s’emploie guère que par dénigrement. Ex. : Il a tous les préjugés de sa caste.

Il n’y a plus de pays, aujourd’hui divisés en castes, l’Inde exceptée, et encore, le mouvement Gandhiste tend-il à faire disparaître cette vieille organisation. Dans l’Inde, ainsi d’ailleurs qu’en Égypte on retrouve dans la plus vieille antiquité, trace des divisions nationales, par castes. Dans la Perse, les castes ont été moins marquées ; les Juifs n’ont connu que la caste sacerdotale ; elles n’ont existé en Chine qu’accidentellement et le bouddhisme les a détruites partout. En Égypte, avant l’établissement des monarchies, la nation était divisée en trois castes : les prêtres, les guerriers et le peuple. Dans l’Inde, selon le Législateur des Indous, Manu, ils doivent à Brahma leurs lois et leurs usages ; Krishna, fils de Brahma, divisa la nation en quatre castes principales, qui n’ont entre elles aucun rapport et qui ne se mêlent jamais par des alliances. Ce sont : 1° Les Brahmanes, sorti de la bouche de Dieu ; 2° les Kchatryas, formés de ses bras ; 3° les Raysiahs, de ses cuisses ; 4° les Sudras de ses pieds. La première de ces castes, celle des Brahmanes fut destinée au sacerdoce ; elle occupa aussi les emplois les plus élevés, ministres, conseillers, etc. Les Kchatryas furent destinés au métier des armes. Aux Raysiahs fut confiée la direction de l’agriculture, du commerce, de l’industrie, le soin d’élever les troupeaux. Enfin, les Sudras exercèrent plusieurs métiers et furent laboureurs, domestiques, parfois esclaves. Cette dernière caste, avec sa sous-caste ou tribu des parias est de beaucoup la plus nombreuse et compte les neuf dixièmes de la population de l’Hindoustan.

Chaque caste a ses privilèges tant au point de vue du costume et des préséances qu’à celui de la nourriture. Nul ne peut sortir sa caste, soit pour monter, soit pour descendre, sans crime. La caste des parias notamment est tenue dans une abjection incroyable, une ignorance crasse, qui sont la honte de l’Inde.

En Europe, les nations furent longtemps, sans qu’il y ait des démarcations aussi rigoureuses, divisées en castes. Les seigneurs qui monopolisaient les richesses et le savoir, avec les prêtres ; d’autre part, les serfs et esclaves, monopolisant le travail, la misère et l’ignorance, formaient bien deux castes ou classes et plus tard, trois, grâce aux « affranchis » devenus bourgeois. Il est à noter que partout, la caste première, est celle des prêtres, qui partout monopolise les développements de l’intelligence et s’en sert pour maintenir dans le servage le plus grand nombre possible de membres de la nation. Mais la nécessité « d’affranchir » des serfs pour faire travailler les autres serfs les oblige à laisser l’instruction se répandre chez les affranchis. Ceux-ci s’enrichissent de biens mobiliers, affranchissent à leur tour d’autres esclaves et quand ils se sentent assez forts, se débarrassent de l’autorité de la caste des prêtres et des seigneurs.

Ainsi, peu à peu, avec les développements de l’intelligence et la découverte de l’imprimerie, les castes se sont fondues. Il n’y a plus que des possédants et des non-possédants, mais les uns passent dans l’autre classe et il y a une tendance sociale à la communisation des avoirs. — A. Lapeyre.


CASTRATION. n. f. Mutilation atroce qui consiste à retrancher les deux glandes qui secrètent la semence. Cette opération fut surtout répandue en Europe vers le xvie siècle. On sait que l’ablation des organes sexuels chez l’homme, lui procure une voix claire et aiguë qui peut se conserver avec l’âge, et c’est pour satisfaire aux besoins de l’église et fournir aux chapelles des papes des chanteurs à la voix de soprano, que des parents, aveuglés par un fanatisme criminel, et aussi par intérêt, n’hésitaient pas à sacrifier tout l’avenir de leurs enfants. De l’église, les castrats se répandirent dans le théâtre ; le métier fut pendant un certain laps de temps assez lucratif. Ce n’est qu’en 1851 lorsque les armées françaises occupèrent Rome que le pape Pie IX, se vit contraint de rendre un décret abolissant définitivement l’usage de la castration.

En Orient la castration se pratique encore mais sur une moins grande échelle. Elle fournit les eunuques chargés de veiller sur les harems des pachas et des sultans. Elle disparaît cependant à mesure que progresse la liberté féminine et que la civilisation abolit les préjugés qui étouffent le vieux monde.

La femme est, elle aussi, sujette à la castration, mais dans un ordre tout à fait différent. Elle ne se pratique qu’en cas de maladie. Il en est cependant qui n’hésitent pas à subir cette opération terrible et douloureuse, et se font retirer les ovaires pour ne pas avoir d’enfants. Ces cas sont tout particuliers et très rares, car la complicité d’un homme de science est indispensable, et on peut dire que de nos jours la castration ne se pratique plus que sur les animaux domestiques dont on veut éviter la reproduction.


CASUISTIQUE. n. f. La casuistique est une science religieuse, qui a la prétention de traiter des devoirs de l’homme et d’établir des règles déterminant les responsabilités dans les divers conflits d’ordre moral. Comme tout ce qui se rapporte à l’église et qui est d’essence jésuitique, la casuistique fut un moyen entre les mains des hauts dignitaires du Christianisme pour asservir le peuple, et accumuler des richesses. En opposition