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cause, et n’ayant rien à reprocher à leurs adversaires, usent du mensonge et de la calomnie pour les discréditer.

La diffamation est une arme terrible, contre laquelle il est parfois difficile à se défendre, car elle est maniée avec dextérité par toute une armée de jésuites malfaisants. Michel Bakounine, le grand révolutionnaire, qui sacrifia toute sa vie à la cause des opprimés, eut toute son existence empoisonnée par les diffamateurs à la remorque de Karl Marx, dont il était le plus énergique adversaire. Rien ne lui fut épargné, et malgré l’action perpétuelle qu’il menait au sein des divers mouvements révolutionnaires de l’Europe entière, Karl Marx, espérant se débarrasser de lui, n’hésita pas à faire courir le bruit que Bakounine était un agent provocateur au service de la police tsariste.

Dans les milieux anarchistes, on ne prend pas de mesures assez vives contre les diffamateurs. Si le mouvement libertaire a périclité, la diffamation n’est pas sans avoir joué un grand rôle dans cette décadence. En effet, de quelque côté que l’on se tourne, le communiste libertaire ne rencontre que des adversaires qui s’acharnent sur lui et cherchent à le détruire.

La bourgeoisie d’abord, qui craint l’action désintéressée des révolutionnaires sincères et logiques, s’est emparée de la diffamation et est arrivée à un résultat appréciable en faisant courir le bruit que les Anarchistes étaient des bandits et des voleurs, qui, pour leur bien-être particulier, et pour satisfaire leur soif de jouissance, se jetaient dans le crime et dans le meurtre. D’autre part, les partis « d’avant-garde », qui se réclament du prolétariat et ont la crainte de l’influence que les Anarchistes peuvent exercer sur les masses, poursuivent leur œuvre de diffamation en déclarant que les Libertaires sont payés par la réaction, alors qu’ils démasquent les politiciens de la sociale qui spéculent sur l’ignorance et la bêtise populaires.

Méfions-nous des diffamateurs, ils sont nombreux et dangereux ; ils pénètrent partout, on les rencontre sur tous les chemins ; accomplissant leur travail de désagrégation, salissant de leur bave l’être indépendant, sincère et dévoué, ils ne méritent que le mépris de l’homme probe, honnête et généreux, et il faut les dénoncer et les combattre avec la dernière énergie.


DIFFUSION. n. f. (du latin diffusio). Action de se répandre, de s’étendre. La diffusion du son ; la diffusion de la lumière.

Au figuré, diffusion est synonyme de propagation. On dit : la diffusion d’une idée, d’un principe, des livres, des richesses, etc., etc…

« De la diffusion des idées anarchistes dépend l’avenir de l’humanité ». De même que l’air, la lumière, les idées sont indispensables à l’homme, car elles sont un facteur d’évolution et lui permettent d’améliorer son sort ; c’est grâce à elles qu’il a su s’élever au-dessus de l’animal et, en certaines occasions, triompher de la brutalité indifférente de la nature.

Pourtant, toutes les idées ne sont pas bonnes, et nous savons que ce sont des idées fausses qui régissent de nos jours les collectivités. Le monde est gouverné en vertu de principes archaïques, desquels il doit se libérer. Or, ce n’est que par la diffusion des idées saines, logiques, raisonnables, que l’humanité et la civilisation arriveront au but qu’elles poursuivent, et les idées anarchistes, véhiculant des principes de libération sociale, doivent être diffusés aux quatre coins du monde, pour permettre aux hommes, d’atteindre au plus haut degré de perfection possible.

La diffusion des idées anarchistes est rude et pénible ; car, pour les semer, il faut s’attaquer à tous les préjugés emmagasinés depuis toujours dans le cerveau d’individus, qui, conservateurs par essence, ont la

crainte de toute innovation, même si celle-ci doit leur apporter la quiétude et le bonheur.

Néanmoins, petit à petit, l’œuvre s’accomplit. Ce n’est jamais en vain que l’on ensemence un terrain. La terre est parfois dure à labourer, et longue à produire ; mais un jour vient où l’on est généreusement payé de son labeur. Les idées anarchistes font leur chemin ; elles pénètrent partout et déjà leur influence s’exerce dans toutes les classes de la société. Que chacun se mette à la tâche. C’est aux jeunes de s’atteler à la besogne et de diffuser, à l’usine, à l’atelier, au bureau, au champ, les idées nobles et belles qui nous animent et qui nous sont inspirées par le désir de vivre en paix et heureux, au milieu d’une collectivité fraternelle et libre.


DIGNITÉ. n. f. (du latin dignitas). La dignité est le respect de la personnalité d’autrui et de soi-même ; elle se manifeste par la réserve, la mesure que l’on observe en toute occasion, et surtout dans les rapports que l’on entretient avec ses semblables.

On se demande pourquoi le mot « dignité » sert aussi à désigner les fonctions honorifiques de certains individus, car un homme qui a de la dignité, est un homme valeureux, posé, utile, sociable, alors que ceux qui sont élevés en dignité, sont le plus souvent des êtres nuisibles. Ne jugeons jamais un homme d’après les apparences, car trop fréquemment, « nous jugeons d’un homme élevé en dignité, non selon sa valeur, mais à la mode des jetons, selon la prérogative de son rang » (Montaigne).

Il faut, pour conserver sa dignité, être pondéré en toute chose. Un ivrogne perd sa dignité, et ne peut exercer aucune autorité ou influence morale sur son entourage. L’homme violent, querelleur, batailleur, est également incapable de conserver sa dignité, en un mot, on peut dire que l’habitude de certains vices est incompatible avec la dignité.

Dans la lutte sociale et dans les conflits qui éclatent périodiquement entre employeurs et employés, exploiteurs et exploités, ces derniers ne doivent jamais manquer de dignité et, sans faire montre d’arrogance, ils doivent se considérer comme les égaux de ceux qui vivent de leur travail en les exploitant et se refusent à leur accorder le salaire indispensable à la vie. Le travail est une source de dignité et, par conséquent, il n’y a pas lieu de se croire inférieur parce qu’on travaille : bien au contraire. C’est l’oisiveté qui est indigne, et l’homme qui s’y livre ne mérite pas le respect de ses semblables.


DIGRESSION. n. f. (du latin digressio). La digression est la partie d’un discours ou d’un ouvrage qui s’écarte du sujet et occupe l’auditeur ou le lecteur par une question ou un objet étrangers au sujet traité. Faire une digression. Tomber dans de perpétuelles digressions.

Lorsqu’elle est traitée de façon convenable, la digression est agréable et utile car elle repose l’auditeur ou le lecteur d’une attention soutenue ; mais il faut rester dans la juste mesure, sans quoi un discours ou un écrit deviendraient diffus et la digression exagérée semble de la divagation.

Ne nous égarons donc jamais dans des digressions, et si nous en usons dans nos discours, dans nos articles, dans nos ouvrages, faisons-le avec méthode, avec art et ne nous servons pas de digressions déplacées, qui, loin d’agrémenter le sujet que l’on traite, fatigue celui qui nous écoute ou qui nous lit, et lui fait perdre le fil de l’exposé qui lui est soumis.


DILEMME. n. m. (du latin dilemma, formé du grec ; dis, deux fois et lambano, je prends).