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Dans un autre régiment de 1.214 hommes, il y a 528 disponibles.

Dans un régiment renforcé de 2.095 hommes, il y a 1.218 disponibles.

Dans un régiment d’artillerie de 706 hommes, il y a 246 disponibles.

Dans un régiment renforcé de 1.171 hommes, on compte 427 disponibles.

Dans un régiment de chasseurs à cheval de 764 hommes, on découvre 355 disponibles.

L’effectif budgétaire pour 1926 est de 31.622 officiers, 652.417 hommes, 159.174 chevaux.

La cavalerie, dont les effectifs en 1914 étaient de 3.400 officiers, 98.000 chevaux, 71.000 hommes, ne possède plus, en 1925, que 50.000 chevaux, 33.000 hommes, 1.330 officiers.

Il y a pléthore d’officiers dans la cavalerie et l’infanterie, mais déficit dans l’artillerie et le génie.

(Extrait de Armée et Démocratie du 15 janvier 1926.)

D’autre part, le Quotidien, dans son numéro du 23 janvier, sous le titre : « L’Armée Française actuelle. Que vaut-elle ? » a publié un article dont nous extrayons les passages suivants :

« Les frais généraux et une administration sacro-sainte réinstallée dans ses errements anciens intangibles, dévorent les effectifs et le budget.

« Sur ses 18 mois de service, chaque citoyen appelé fait théoriquement six mois d’instruction de recrue (en réalité, 100 jours par homme au maximum) et 12 mois de corvée sous l’uniforme de la République, dans la multitude d’emplois non militaires créés par une organisation irrationnelle pour qui la notion de prix de revient n’a aucune signification.

« Des régiments d’infanterie, dits de couverture, n’alignent pas 1.300 hommes à la manœuvre les autres, à peine 500 ou 600. Les groupes d’artillerie réunissent à peine une batterie.

Les événements du Maroc ont amené le retrait de tous les régiments indigènes qu’on avait stationnés en France au mépris de toute raison. Les fameuses 32 divisions et, en particulier, les divisions de couverture se sont encore effondrées et ont perdu du même coup les seules troupes à peu près en état de faire figure.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Le mal est grave.

« Il menace notre sécurité tout en faisant peser sur ce pays, qui a un impérieux besoin de main-d’œuvre, des charges hors de proportion avec l’efficacité réelle de l’armée qu’on peut dire en déliquescence.

« La réduction du temps de présence sous les drapeaux représente la récupération de quelque 30 millions de journées ouvrables par années.

« Nous sommes donc là non pas simplement en présence d’une promesse électorale qu’il conviendrait de tenir, mais d’une nécessité économique.

« Cette réduction du temps de présence sous les drapeaux n’est pas, naturellement, un but de l’organisation militaire. Mais elle doit être et peut être une conséquence de l’organisation rationnelle exploitant les moyens modernes et les enseignements de la guerre.

« Seulement, l’organisation rationnelle de l’armée nouvelle est avant tout affaire de volonté agissante.

« Veut-on vraiment cette organisation ? »

Deux projets de réorganisation de l’armée. — Depuis l’armistice, la réorganisation de l’armée est à l’ordre du jour. Elle a été l’objet de nombreux projets qui n’ont pas encore abouti.

Seule, a été votée une loi de recrutement, question à laquelle le pays s’intéresse directement.

Nous avons cru utile de demander à une personnalité appartenant à la littérature militaire, très au courant des questions techniques et historiques, de nous définir

les caractéristiques des principaux projets de réorganisation militaire, présentant quelque importance.

Très aimablement, mais sans nous cacher qu’il n’était pas… anarchiste, cet écrivain a bien voulu nous remettre l’article qu’on va lire, lequel article, écrit à notre intention, sera très goûté du lecteur qui saura en apprécier, nous en sommes certains, la finesse et l’ironie.

Voici cet article :

Le Militarisme des Blocs Rivaux. — D’après une idée très répandue, la guerre ne fut faite que pour tuer le militarisme. La disparition du militarisme allemand, le plus fort de l’espèce, supprimait la nécessité des autres militarismes. Le militarisme allemand est mort, mais ses congénères ont survécu. Le militarisme français a pris la place du rival abattu.

Il est peut-être nécessaire que les nations s’arment jusqu’aux dents, devant l’impuissance allemande, car l’histoire démontre que les peuples privés d’armées sont les plus redoutables. L’Allemagne a déjà offert un exemple de cette vérité. Si, malgré son infériorité actuelle, l’Allemagne est dangereuse, c’est qu’elle a découvert un système nouveau, c’est que son désarmement lui a procuré l’occasion d’appliquer une méthode inédite, capable de vaincre les peuples attardés dans les voies de la routine. Le Bloc des Gauches y a pris garde : son prédécesseur a usé de moyens simples et brutaux. Le service de dix-huit mois symbolise une doctrine ancienne, monarchique, un système qui réserve à une partie seulement de la nation la gloire de défendre les frontières, l’autre partie se contentant de regarder et d’applaudir un système qui est en évidente contradiction avec toutes les lois du progrès militaire et social.

Le système du Bloc National a été présenté et soutenu par le lieutenant-colonel Fabry, spécialiste au front étroit et aux cheveux épais et que le maréchal Franchet d’Espérey a défini d’un terme particulièrement court et rabelaisien. Fabry a imposé sa conception à Maginot qui, dans l’intimité et après boire, avoue qu’il n’a rien compris aux explications de son complice. Avec le service de 18 mois, 200.000 indigènes et 100.000 rengagés, Fabry crée une armée tellement forte qu’il est inutile, ou à peu près, de recourir à la mobilisation.

En 1922, le parti communiste, respectueux d’une vieille tradition, avait repris la lutte contre la guerre et se proposait de paralyser la mobilisation.

Il y aurait d’autant mieux réussi que Fabry avait déjà aboli la mobilisation. Le parti communiste serait certainement sorti vainqueur de sa guerre contre un cadavre, et Fabry, qui s’amuse rarement, riait à pleine gorge des efforts du parti communiste pour anéantir le néant.

Avec son armée, Fabry faisait une guerre courte, rapide, décisive : le pays apprenait à la fois le commencement et la fin des hostilités ; on sonnait encore le tocsin que Fabry dictait déjà la paix à Berlin. Cette géniale conception fut ratifiée par la Chambre avant les élections de 1924.

Mais à peine au pouvoir, le Bloc des Gauches, furieux qu’on fût revenu à l’armée de métier, à la guerre d’invasion, à la défense nationale tronquée, se hâta de mettre au rancart les projets de son ennemi vaincu. Le général Nollet fut chargé d’étudier un nouveau type d’armée. Il était bien entendu que les armées des deux blocs devaient différer autant que les blocs eux-mêmes.

Ce fut un grand succès. Avec Nollet, l’armée permanente disparaît ; il existe encore des cours d’instruction et des centres qui préparent la mobilisation, mais il n’y a plus d’armée, en tant que troupe organisée. La guerre est faite avec le peuple tout entier et d’une seule masse. L’armée se forme de toutes pièces, en un immense organisme, au premier jour du conflit. Désormais, l’effectif de paix est sans importance, et c’est