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Le Gouvernement de la Défense Nationale abrogea la loi du 10 janvier 1849 par un décret (29 septembre 1870). Les hôpitaux et hospices constituaient une administration distincte, placée sous l’autorité d’un Conseil général des hospices du département de la Seine. Un agent général des hospices était chargé de l’exécution des arrêtés du Conseil général dont la composition fut déterminée par le décret du 18 février 1871. Cette organisation fut de courte durée. Par arrêté du 10 juin 1871, dont les jurisconsultes mettent la légalité en doute, Thiers, chef du pouvoir exécutif remit en vigueur la loi du 10 janvier 1849, en rapportant les décrets de 1870 et 1871.

Le service des enfants assistés du département de la Seine a été dirigé jusqu’en 1849 par le Conseil général des hospices ; depuis cette époque, par le directeur de l’administration générale de l’assistance publique à Paris.

Le service des aliénés qui était autrefois dirigé par le directeur de l’administration générale de l’A. P. à Paris, a été rattaché à la Préfecture de la Seine en 1893 et a fait l’objet d’un décret spécial : 16 août 1894.

L’administration générale de l’Assistance Publique à Paris, bien qu’ayant de gros revenus, ne pourrait équilibrer son budget sans une subvention de la Ville de Paris. En 1926, celle-ci s’est élevée à la somme de 141.150.250 francs, dont 2.952.250 francs pour les bureaux de bienfaisance. Le budget pour l’exercice 1926 s’élève à 312.741.832 francs.

Cette administration comprend :

17 Hôpitaux généraux (c’est-à-dire admettant les malades de médecine et de chirurgie) ;

3 Hôpitaux spéciaux (Saint-Louis, Cochin, Brocca), peau et vénérologie ;

10 Hôpitaux d’enfants tant à Paris qu’en province ;

3 Maisons d’accouchement (Maternité, Baudelocque, Tarnier) ;

22 Maisons de retraite ou fondations admettant des vieillards ;


soit 55 établissements hospitaliers auxquels il faut ajouter les établissements généraux tels que : la boulangerie centrale, qui est en même temps meunerie. Il s’y fait 104 fournées de pain par jour, soit environ 4.880.000 kilos par an ;

La cave centrale des hôpitaux située à la Halle aux Vins où s’approvisionnent les divers hôpitaux, lesquels consomment environ 2.577.000 litres de vin par an ;

Le magasin central des hôpitaux où sont centralisées les réserves de matériel, de linges, de légumes secs, pâtes nécessaires aux divers établissements ;

La pharmacie centrale où sont centralisées les réserves de médicaments et où une grande partie sont fabriqués.

Le service de l’approvisionnement des Halles.

La consommation de lait des hôpitaux est d’environ 7.000.000 de litres par an. Il est consommé environ 2.600.000 kilos de viande de boucherie.

L’administration générale de l’Assistance Publique à Paris est de beaucoup la plus importante de toutes les administrations hospitalières de France et certainement d’Europe.

Le nombre de lits, tant d’hôpitaux que d’hospices, s’élève à 32.378. Les consultations données dans les divers hôpitaux s’élèvent à environ 1.500.000 par an.

En 1920, 260.000 malades, enfants et vieillards ont été admis dans les hôpitaux et hospices : 34.324 femmes ont accouché tant dans les maternités que chez les sages-femmes agréées par l’administration et 113.823 malades indigents furent soignés à domicile.

Le personnel hospitalier gradé ou non (infirmiers, infirmières, surveillants et surveillantes) est au nombre de 12.250. Les ouvriers à la journée (buandiers,

mécaniciens, etc…), sont au nombre de 2.056 agents. Le personnel administratif comprend 1.024 agents, enfin le personnel médical (médecins, pharmaciens, internes, sages-femmes), est au nombre d’environ 1.800.

Ce court exposé montre ce qu’est cette grosse administration que l’on peut considérer comme un État dans l’État. Elle est loin d’être parfaite et, sans nier les services qu’elle rend, on peut dire qu’elle a besoin d’être entièrement réorganisée.

Les hospices sont insuffisants : 10.000 vieillards attendent leur hospitalisation. Les hôpitaux sont, eux aussi, insuffisants du fait que, par suite d’entente avec les communes suburbaines du département de la Seine, les indigents de celles-ci sont soignés dans les hôpitaux parisiens. Il manque environ 30.000 lits pour répondre aux nécessités de l’heure présente. D’autre part, la presque totalité de nos hôpitaux parisiens sont vieux ; quelques-uns, comme Saint-Louis, ont été construits dans les dernières années du règne d’Henri IV, ou Beaujon qui date de Louis XVI. De ce fait il est difficile de les équiper selon les exigences de la science médico-chirurgicale moderne.

Les règlements en vigueur ne répondent pas eux non plus aux exigences modernes. Il y a trop de paperasseries et de routine. — F. Merma.


ASSOCIATION. L’association est un groupement d’individus qui ont des intérêts matériels ou moraux communs. Ce groupement peut être composé d’individus poursuivant un même but social ou voulant réaliser une même œuvre, exécuter une tâche qui nécessite la mise en commun des efforts, des compétences, des facultés des associés et que chacun d’eux, isolément, ne pourrait mener à bien. — Il y a encore les groupements d’affinité dans tous les domaines de la pensée, des arts, de la science. Il y a, enfin, les ordres religieux masculins et féminins, qui sont de véritables associations. L’armée elle-même est une association, d’un ordre différent.

En principe, suivant son sens précis, exact, l’association est volontaire. Elle peut cependant être imposée par la force, la discipline, des règles sévères, même si ces dernières sont acceptées au début par des associés qui voudraient se libérer par la suite. — Toutefois, nous le répétons, l’association est originellement libre.

L’esprit d’association est aussi vieux que le monde. Il a connu tous les aspects et évolué constamment, dans la forme, selon les nécessités de la vie.

L’homme des cavernes, obligé de lutter contre les grands fauves, de défendre sa vie, de chercher sa nourriture, de construire son habitation fut appelé à s’associer avec ses semblables. Il constitua instinctivement des groupements de défense et de travail.

L’esprit d’association se manifeste chez tous les animaux de même espèce, pour l’organisation de leur vie particulière, pour sa défense, pour la perpétuation de la race. Le mariage, légitime ou non, n’est autre chose qu’une association de deux êtres de sexes différents, pour la continuation de l’espèce. — La famille est une association dont le but est également d’assurer la vie à la progéniture.

Les abeilles, les fourmis, les castors, etc… ont le sens inné de l’association dans le travail, dans la recherche des moyens d’existence et de sécurité.

La vie sauvage, en troupeau, des animaux de toutes tailles, est, elle aussi, une manifestation certaine de l’esprit d’association que possèdent, instinctivement, tous les animaux.

Le mot « association » a une signification tellement vaste, il évoque un si grand nombre de choses précises, qu’il faudrait, pour lui donner tout son sens, lui consacrer plusieurs gros volumes.

On le retrouvera souvent employé dans cette encyclopédie, sous une forme ou sous une autre, lorsque