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facteur de l’évolution »). Il n’a pas eu le temps ou, peut-être, le désir de continuer et d’approfondir ses études dans ce domaine. Mais il a indiqué la route exacte.

D’autres théoriciens et écrivains anarchistes ont également manifesté un vif intérêt pour les faits biologiques, ont tenu compte de l’importance de la biologie pour les études sociales.

Plus cette tendance s’accentuera, plus l’anarchisme s’engagera dans cette voie et y continuera ses principales recherches, ― plus il deviendra une conception vraiment scientifique, plus il approchera de la vraie solution du problème social. Établissant ses bases dans le domaine de la biologie, il les établira d’une façon incomparablement plus profonde et plus solide que le marxisme avec son économisme et sa dialectique.

Mais aujourd’hui déjà, l’anarchisme ayant adopté l’idée de la prépondérance des méthodes et des faits biologiques et son hypothèse cherchant de plus en plus à s’y appuyer, cette hypothèse est beaucoup plus scientifique et, par conséquent, plus près de la vérité que le marxisme. C’est donc, devant l’anarchisme que la grande voie des recherches et des efforts effectivement féconds, la voie de la vérité est ouverte. C’est l’anarchisme qui cherche juste.



Peut-on espérer qu’une hypothèse vraisemblable : l’anarchisme devienne à bref échéance une vérité éclatante ?

Peut-être pas de sitôt.

Quel est, en effet, le problème biologique essentiel dont la solution pourrait confirmer scientifiquement et définitivement l’anarchisme ? C’est le problème même de l’évolution, et de la vie comme de l’une de ses manifestations principales : de leurs facteurs primordiaux, de leurs forces mouvantes, de leur essence. La biologie, est-elle actuellement ― ou sera-t-elle bientôt ― en mesure de résoudre ce problème ? Elle ne l’est pas encore et il est fort douteux qu’elle le soit d’ici au lendemain. Comme science, la biologie est encore très jeune. C’est un domaine tout à explorer. Il faut, donc, certainement pas mal de temps pour que nous y arrivions à des résultats de cette importance.

Le problème de l’origine, de l’essence et des forces mouvantes de la vie et de l’évolution, reste encore grand ouvert. Il attend toujours sa solution.

Or, je suis d’avis qu’avant que ce mystère de la nature ― celui de l’évolution générale ― ne soit dévoilé, toutes nos théories de l’évolution sociale et de ses facteurs, toutes nos conceptions sociales, y compris l’anarchisme, resteront des hypothèses.

L’anarchisme reste encore une hypothèse car la biologie, et quelques autres sciences aussi, ne sont pas encore suffisamment avancées. Mais cette hypothèse a de l’avenir devant soi. Elle a des chances considérables de devenir vérité, car elle est vivante, sensible, imbue d’esprit chercheur et créateur surtout, et, qu’elle a heureusement la tendance de puiser de plus en plus dans la biologie, grande source véritablement scientifique et féconde des recherches modernes, seule en mesure de nous amener à la solution vraiment scientifique du problème social. ― Voline.

Note Bibliographique. ― Il est vraiment à regretter qu’il n’existe, jusqu’à présent, qu’une seule œuvre, en langue allemande, celle-ci, traitant historiquement le développement des sciences et des théories biologiques à travers les siècles passés, jusqu’à nos jours. Nous indiquons ici, pour les lecteurs pouvant lire en allemand, cette œuvre classique, permettant de se faire une idée très précise sur l’évolution consécutive de la biologie, comme science :

Dr Em. Radl. Geschichte der biologischen Theorien in der Neuzeit. Deux volumes parus chez Wilhelm Engelmann, Leipzig. ― V.


BIRIBI. — Mot d’argot servant à désigner l’ensemble des formations disciplinaires et pénitentiaires de l’armée française. Ces formations sont : 1o Les Compagnies de Discipline ou Sections Spéciales de Correction ; 2o Les Ateliers de Travaux Publics ; 3o Les Pénitenciers Militaires.

Les Compagnies de Discipline ont été créées par ordonnance royale de 1818, pour recevoir les soldats qui, sans avoir commis de délits justiciables des Conseils de Guerre, persévèrent néanmoins, par leur insubordination ou leur « déplorable » conduite, à porter le trouble et le mauvais exemple dans les corps dont ils font partie. Les motifs qui déterminent ordinairement l’envoi à la Discipline, sont : l’insolence à l’égard des supérieurs hiérarchiques, l’ivresse, l’absence illégale, les mutilations ou simulations d’infirmités dans le but de se soustraire au service ; enfin, la dépravation sexuelle. Mais on peut y être envoyé pour propagande politique sous les drapeaux, lorsqu’il s’agit de doctrines révolutionnaires, ou jugées contraires à l’ordre social établi.

Lorsque pour l’un quelconque des méfaits ci-dessus, ou par la surabondance des punitions encourues par lui, un soldat s’est signalé à l’attention du cadre, le colonel du régiment a faculté de convoquer un Conseil de Discipline, composé de sept officiers, qui auront à se prononcer sur l’utilité qu’il pourrait y avoir à diriger l’intéressé sur une Compagnie Disciplinaire, les moyens dont disposent les corps réguliers étant insuffisants pour le contraindre à l’obéissance passive, à laquelle sont tenus les citoyens sous l’uniforme.

Le soldat visé est interrogé par le Conseil, mais il n’est assisté d’aucun défenseur, et il n’a pas le droit de faire appel à un avocat. Le Conseil siège à huis-clos. Les délibérations ont lieu hors de la présence de l’intéressé, auquel la décision prise par ses supérieurs n’est signifiée que lorsque tout est terminé, et qui ne possède contre elle aucun recours.

Les disciplinaires sont considérés comme des punis, et non comme des condamnés en cours de peine. Le temps passé par eux à la Discipline compte donc comme temps de service.

Dans l’argot des régiments, les disciplinaires ont été surnommés les Camisards. Leur uniforme se compose d’une capote et d’un pantalon gris sans ornements, avec un képi gris à bande bleue, muni d’une grande visière de cuir.

La Marine, les Bataillons d’Afrique, la Légion Étrangère et les Tirailleurs indigènes ont des sections particulières de discipline. Les punis en provenance de la Marine ont été surnommés : Peaux de Lapins.

La 1re Compagnie de Discipline est située à Gafsa, en Tunisie ; les autres sont en Algérie : la 2e à Biskra ; la 3e à Méchéria ; la 9e à Aumale. Il existe de plus en Algérie un corps de discipline renforcée : c’est celui des Pionniers ou Incorrigibles, établi à Guelma.

Il est enfin des Compagnies Disciplinaires d’où l’on revient rarement, et qui représentent le troisième degré dans la rigueur. Ce sont celles qui ont été reléguées dans des colonies lointaines et insalubres, telles que le Sénégal et Madagascar, et dont le Dépôt est à l’île d’Oléron. Les malheureux qui pâtissent dans ces chiourmes ont été surnommés les Cocos.

Les disciplinaires sont de perpétuels consignés. Ils ont le crâne tondu et la face entièrement rasée comme les bagnards. En outre des exercices en armes ils sont astreints à de durs travaux. Ils sont envoyés d’ordinaire aux Sections pour une durée de six mois au moins, à la suite desquels ils sont réintégrés dans des