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rain se placera le conférencier (on peut traiter un sujet de tant de points de vue différents tout en servant un même parti pris !) doit avoir une connaissance à la fois générale et profonde du sujet.

Seul l’intervenant, puisque son rôle est épisodique, a le droit de ne compter que sur son inspiration. Le plus souvent il n’appartient à aucun des deux camps en présence, il a une opinion mixte ou tierce.

Nous croyons que l’intervenant le plus intéressant est celui qui comble une lacune, qui apporte à la tribune un fait, une date, une précision à quoi les deux principaux orateurs n’avaient pas pensé.

Nous en tenant à notre définition, il convient de considérer comme conférences les discours des parlementaires, les professions de foi, les discours académiques, les sermons. Le Sermon sur la Montagne (Matt. V. VI. VII.) quelle qu’en soit l’authenticité, est une pure merveille de fond ; les sermons de Bossuet et, plus spécialement, ses oraisons funèbres sont des merveilles de forme… et d’habileté diplomatique.

Un cours est une conférence pédagogique ou didactique.

Comme conférences contradictoires citons les plus célèbres : Jésus discutant à douze ans avec les docteurs (enseigneurs) de la loi, les controverses entre papistes et réformistes au temps de la Réforme, Colloque de Poissy, Colloque de Bade, Conférence de Suresnes (entre Henri IV et les ligueurs) mais ici nous nous trouvons sur le terrain de la conférence diplomatique.

Les clubs révolutionnaires, Feuillants, Cordeliers, Girondins, Jacobins, furent les champs-clos d’ardentes joutes oratoires qui furent des conférences contradictoires.

La lice oratoire n’a, d’ailleurs, jamais cessé d’exister depuis, sous la forme de clubs et les plus célèbres de notre époque sont Le Faubourg, La Tribune des Femmes et les Insurgés.

Ces clubs remplacent actuellement pour le peuple curieux de savoir, les universités populaires qui ont à peu près disparu bien avant la guerre de 1914 et qui, depuis, n’ont repris vie de façon indiscutable qu’à Saint-Denis où une université populaire à des manifestations vitales presque égales à celles de l’université populaire du Faubourg Saint-Antoine, qui fut le modèle du genre.

Il est désirable qu’elles renaissent avec toute leur ampleur car elles répondent à un besoin réel. A l’heure où nous écrivons, des libertaires de toutes nuances s’unissent pour fonder une université populaire qui portera le titre de : « Maison de la Pensée ».

Les universités populaires sont des outils précieux parce que la force du verbe s’y manifeste sous tous ses aspects : conférences, causeries, cours, débats, théâtre, etc.

Voyons maintenant l’emploi du mot dans un sens qui s’éloigne un peu de notre définition : on nomme souvent conférence une consultation de médecins au chevet d’un malade de marque.

Une consultation entre nations ou entre partis est aussi nommée une conférence. La plus célèbre de ces forces malhonnêtes est la conférence pour la paix. Ses accès, comme ceux du paludisme aigu.sont pernicieux, subintrants, récidifs.

Dans le même genre de farces tragiques il convient de classer les conférences entre patrons et les comités de grèves.

Nous éloignant encore du sens que nous avons adopté, les congrès sont souvent appelés conférences.

Enfin, les fondateurs du méthodisme ont, les premiers, donné le nom de conférence à leur conseil d’administration et certaines sectes protestantes suivent encore cet exemple.

La conférence, pour en revenir à notre définition, étant la manifestation la plus étendue de la puissance du verbe, le conférencier peut faire un très grand mal comme il peut faire un très grand bien.

Celui qui monte à la tribune doit donc avoir conscience de sa responsabilité et, mieux et plus simplement : une conscience. — Raoul Odin.


CONFESSION. n. f. (du latin : confessio, aveu). Déclaration par laquelle on reconnaît un fait, on avoue quelque faute. C’est dans ce sens qu’on dit confession sincère, confession franche, confession ingénue, confession volontaire ou forcée, confession générale, confession publique ou privée, confession judiciaire ou extrajudiciaire, etc… La confession qui nous intéresse ici, et de laquelle il est séant qu’il soit fait mention et parlé explicitement, c’est celle que le prêtre entend au tribunal de la Pénitence ; c’est celle que le pécheur, repentant de ses fautes, vient faire au représentant de Dieu, en sollicitant du ministre de Dieu et de son Église, l’absolution de ses péchés.

« La confession fut établie au IIIe siècle, abolie au Ve pour cause d’abus et de scandale, puis définitivement adoptée par l’Église catholique au xiie siècle. » (Dictionnaire Bescherelle, Tome I, page 729.)

La confession est un des moyens les plus sûrs, — peut-être même le plus puissant, mais assurément le plus perfide — par lesquels l’Église catholique, apostolique et romaine acquiert, garde et fortifie la domination totale à laquelle elle tend avec un esprit de suite prodigieux et une incomparable habileté. Dans le jeu savant des Sacrements à l’aide desquels l’Église catholique oblige les fidèles à entretenir avec le clergé, des relations régulières et fréquentes, celui de la Pénitence, qui s’exerce par la confession, occupe une place spéciale par le fait seul que, tandis que le baptême, la confirmation, le mariage, l’extrême onction se donnent une fois pour toutes ou, pour le moins, très rarement, la Pénitence et l’Eucharistie sont imposés durant toute la vie et ramènent le catholique fréquemment aux pieds des autels ! Et encore, même de ce point de vue, le Sacrement de l’Eucharistie doit-il céder le pas à celui de la Pénitence, car l’Église fait obligation au catholique qui veut communier, de se confesser pour ne se présenter à la Sainte Table que pur de toute faute et indemne de toute souillure, tandis que le fidèle qui a reçu, par le Sacrement de Pénitence, l’absolution de ses péchés n’est point tenu de communier. Les Sacrements ! Rappelons-nous que l’Église les proclame de fondation divine et que, pour le catholique véritablement soucieux de son salut éternel, ils sont d’étroite obligation : obligatoire, le Baptême qui, lavant le néophyte des souillures du péché originel, lui confère la qualité de chrétien, l’admet dans l’Église militante et lui ouvre les portes du Ciel ; obligatoire, l’Eucharistie, que le catholique doit recevoir au moins une fois l’an, à Pâques ; obligatoire, la Pénitence, qui permet au pécheur, par l’aveu de ses fautes, le repentir qu’il en ressent et le ferme propos qu’il forme de n’y plus retomber, d’obtenir l’absolution et la rémission complète de ses péchés ; obligatoire, le Mariage, pour l’homme et la femme qui désirent s’unir et consommer, sans offenser Dieu ni commettre un péché mortel, l’œuvre de chair et donner la vie à des enfants légitimes ; obligatoire, l’Extrême-Onction pour tout catholique qui, se sachant ou se croyant en danger de mort, a le devoir d’appeler un prêtre et de recevoir les derniers Sacrements qui lui assurent l’état de grâce et le préservent de la damnation éternelle.

Chaque sacrement, cela va de soi, a une signification spéciale et un but précis ; tous s’imposent au catholique a un moment donné de sa vie et s’adaptent à une