Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 1.djvu/529

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
DEP
528


Dépenses pour la « Défense Nationale »
Angleterre
En milliers de dollars
1913–14 1924–25
Armée » 203.233
Armée et Aviation 171.468 »
Aviation » 64.967
Marine 247.489 252.537
Colonies » 22.019
Dépenses militaires incorporées
au budget civil
» 11.124
---------- ----------
Total 418.957 553.880


INDES
1913–14 1924–25
Armée et Aviation 96.769 191.007
Marine 2.508 3.025
Ouvrages militaires 4.713 13.873
---------- ----------
Total 103.990 207.905


ÉTATS-UNIS
1913–14 1924–25
Département de la Guerre 112.485 340.554
Département de la Marine 114.869 277.208
---------- ----------
Total 257.354 617.762


JAPON
1913–14 1924–25
Armée 46.276 80.727
Marine 47.258 96.087
---------- ----------
Total 98.534 176.814


ITALIE
1913–14 1924–25
Marine Militaire et Aviation 116.947 11.837
Marine Marchande 49.344 38.832
Colonies, dépenses militaires 1.881 8.459
---------- ----------
Total 178.173 159.149


BELGIQUE
1913–14 1924–25
Budget ordinaire 14.345 25.522
Budget extraordinaire 2.354 3.538
---------- ----------
Total 16.699 29.060


Quant à la France, son budget de la guerre qui’était en 1914 de 1.720 millions de francs, s’est élevé, en 1925, à 5.521 millions, auxquels il faut ajouter : 1.252 millions pour les dépenses du Ministère de la Marine.

Voilà donc ce qu’entendent par « désarmement » les hommes qui président aux destinées du monde. Une fois de plus les peuples se laissent berner par leurs dirigeants et reposent tranquilles sans s’apercevoir que le réveil sera brutal et que les mots de désarmement ne sont prononcés que pour cacher l’armature d’acier dont s’entourent les différents capitalismes internationaux.

Nous avons tracé un tableau comparatif des dépenses militaires, de différentes nations en 1914 et en 1925, et l’on pourrait nous objecter que, la valeur de l’argent ayant diminué et que celle des matériaux n’étant pas la même en 1914 qu’en 1925, il ne s’en suit pas que ce surplus de dépenses ait déterminé une intensification des armements.

S’il est vrai en effet que la dépréciation de la monnaie joue un rôle dans les dépenses formidables occasionnée par la course aux armements, il est utile de faire remarquer que l’armement s’est modernisé et que si l’on étudiait le problème superficiellement on serait également tenté de croire qu’un progrès immense s’est réalisé et que le désarmement s’opère lentement, mais progressivement. En effet, pour la France par exemple, le nombre d’officiers qui était de 32.392 en 1913,

n’était plus en 1926 que de 31.622 et celui des soldats était descendu de 870.000 en 1924 à 640.000 en 1926.

Mais nous savons que les hommes, de même que les fusils et les canons, ne joueront qu’un rôle effacé, secondaire, dans les guerres futures, et qu’en conséquence, les dirigeants peuvent sans crainte sacrifier quelques cent mille hommes inutiles, et faire refondre quelques centaines de canons, sans pour cela désarmer. Ils donnent au peuple, en accomplissant ces actes, l’illusion du désarmement, et celui-ci se contente de cet artifice pendant que, dans l’ombre, on organise l’aviation et l’on fabrique des gaz qui sont les véritables armements modernes.

Voici, du reste, un document officiel, émanant de la Société des Nations, qui nous initie pleinement sur le désarmement des grandes nations et sur les procédés susceptibles d’être pratiqués au cours d’une guerre :

« Mais on peut concevoir dans l’avenir d’autres procédés tels que le lancement par avions de bombes ou autres récipients, chargés en produits nocifs, qui atteindraient les populations civiles aussi sûrement que les combattants. « Il est douteux, écrit le professeur André Mayer, que les peuples se rendent compte de la puissance de cette arme et du danger auquel elle les expose » ; et le professeur W. B. Canon, va plus loin encore, lorsqu’il déclare que : « Nous n’avons rien vu au cours de la dernière guerre, qui soit comparable aux perspectives probables de destruction des centres industriels et de massacres de populations civiles, au cas où un nouveau conflit important viendrait à se produire », « L’arme chimique, employée pendant la dernière guerre avec une intensité croissante et une efficacité indiscutable produit des effets physiologiques les plus divers. « Il n’y a pas plus de limites concevables à sa puissance, à son efficacité, à sa diversité, qu’il n’y en a à la pharmacologie ou à n’importe quelle branche de la chimie ».

« Les substances nocives employées étant d’un usage courant en temps de paix, l’arme chimique est à la disposition de toute grande puissance industrielle possédant des usines chimiques, et cette constatation suggère aux professeurs Zanetti et Mayer, les conclusions suivantes extraites de leurs rapports :

« L’extrême facilité avec laquelle, nous dit le professeur Zanetti, ces usines peuvent être transformées, presque en une nuit, en fabriques de matériel destiné à la guerre chimique, fait naître un sentiment de crainte et de défiance vis-à-vis d’un voisin disposant d’une organisation chimique puissante. »

« Elle assure, en effet, à une puissance animée de mauvais desseins, une supériorité immense, observe à son tour le professeur Mayer. Un corps nocif, étudié en secret « et cette étude peut se faire n’importe où » fabriqué en grande quantité (et cette fabrication peut être faite dans n’importe qu’elle usine chimique), jeté par surprise sur une population non préparée, peut briser toute velléité de résistance. »

Du point de vue technique, il ne semble pas qu’il y ait une impossibilité à ce que les grandes cités soient attaquées au moyen de gaz toxiques par la voie des airs ou par les armes à portée de plus en plus longue existant dans l’armement des forces militaires et navales modernes. Il y a, au contraire, des raisons de croire que, dans une guerre future, l’armée aérienne sera beaucoup plus développée que dans la dernière guerre, tant au point de vue du nombre des avions que de leur capacité de transport.

« Quelque condamnable que soit une telle action, il n’y aurait pas de difficultés techniques à ce que les bombes de grande dimension, remplies de gaz toxique, soient jetées sur des centres indispensables à la vie politique ou économique du pays ennemi.