ÉDILE n. m. (du latin œdilis, de œdes, édifices). À l’origine les édiles étaient, des magistrats romains dont les fonctions consistaient à prendre soin des édifices publics et particuliers. Ils furent créés à la même époque que les tribuns du peuple, c’est-à-dire en l’an de Rome 160 et étaient tout d’abord choisis uniquement parmi la plèbe. Ils étaient au nombre de deux ; mais à la fondation de Rome, par décret, le Sénat ordonna la création de deux nouveaux édiles choisis parmi les patriciens et il fut ainsi fait. Les édiles subsistèrent jusqu’au règne de l’empereur Constantin ; leurs fonctions et leurs pouvoirs étaient très étendus. Ils avaient la responsabilité de toute la sécurité de la ville ; ils visitaient les édifices, les temples, les bains, les maisons particulières et les immeubles afin de se rendre compte de leur solidité ou de leur état de délabrement et examiner s’ils n’étaient pas un danger à la sécurité du passant. Ce sont eux qui surveillaient les ventes au forum et brisaient les faux poids et les fausses mesures. Ils assuraient également la quiétude publique, condamnaient et bannissaient les prostituées et réprimaient la fraude et l’usure. En un mot leurs fonctions étaient à peu près semblables à celles qu’occupent actuellement un préfet de police et un préfet de la Seine réunis.
À présent on donne le nom d’édiles aux magistrats municipaux ; plus particulièrement à ceux de la ville de Paris et des grandes cités, parce que leurs fonctions comprennent certaines des attributions des édiles romains.
Dans les petites communes, si celles-ci étaient libres et non pas sous la tutelle d’un préfet et par conséquent du Gouvernement, les édiles pourraient être de quelque utilité. Mais actuellement, avec le statut qui régit les municipalités, ils n’ont aucun pouvoir et sont asservis ou écrasés par les puissances d’argent. Quant à ceux des grandes cités on sait que c’est la politique qui les fait agir et que l’on ne peut absolument rien en tirer de bon.
ÉDUCATION n. f. Développement individuel et social. Hérédité et milieu. — Les qualités physiques et mentales d’un individu dépendent en une certaine mesure de ceux qui l’on fait et pour le reste de l’influence d’un second facteur : le milieu.
Depuis fort longtemps, les savants se sont préoccupés de savoir quelle est l’importance respective de chacun de ces deux facteurs : hérédité et milieu, dans le développement des individus.
Il fut un temps où certains théoriciens, Condillac par exemple, nièrent l’influence de l’hérédité sur ce développement. Aujourd’hui, les savants ne discutent plus que sur l’importance respective de ce facteur.
« Personne, dit Duprat, ne soutiendra que les tout petits enfants sont tous semblables au point de vue de leurs dispositions permanentes : les nourrices diront que tel fut plus vif, tel autre plus endormi, tel plus « méchant » ou irascible, tel autre plus souriant et patient ou même endurant. »
« On a souvent remarqué, écrit Elslander, que, chez les races inférieures, les enfants qu’on envoie aux écoles ou qu’on essaie d’instruire montrent d’abord une facilité étonnante, mais qui s’arrête brusquement… Ces esprits sauvages sont comme des terres incultes, que le travail successif des générations seul peut défricher. C’est ainsi que, dans l’Inde, les enfants des brahmanes, issus d’une classe cultivée depuis longtemps, montrent de l’intelligence, de la pénétration, de la docilité, tandis qu’au jugement des missionnaires, les enfants dès autres castes leur sont bien inférieurs à cet égard. »
De son côté le Docteur Govaerts déclare : « Les populations actuelles de l’Amérique sont, en grande par-
« Malgré l’égale influence du milieu, chaque peuple a conservé les différences anatomiques, physiologiques et psychologiques particulières à son type ethnique et continue aujourd’hui à montrer une certaine similitude avec les habitants de son pays d’origine.
« Si l’influence du milieu avait agi, à l’exclusion de l’hérédité, on se trouverait aujourd’hui devant un type uniforme ; or, c’est la variabilité et l’hétérogénéité qui caractérisent les caractères biologiques de ce peuple. »
Il convient de remarquer que le Docteur Govaerts donne au mot milieu un sens étroit ; « Il faut, dit Claparède, comprendre dans l’influence du milieu les circonstances survenues au cours de la gestation (période intra-utérine) », une chute de la mère pouvant, par exemple, avoir comme conséquence l’idiotie de l’enfant.
Précisons le rôle de l’hérédité :
« L’hérédité » est, comme le dit Max Auliffe, « l’ensemble des circonstances passées qui ont modelé l’être vivant avant sa formation proprement dite ; elle donne à l’individu qui naît, ses tendances, ses aptitudes, sa structure, sa configuration. »
« Le devenir de l’enfant dépend en grande partie de trois conditions :
1o Organisation ancestrale du germe ; 2o santé des générateurs ; 3o circonstances qui ont entouré le développement embryonnaire.
L’enfant est donc l’aboutissant de toute une lignée. Il tient de tel ancêtre, la taille ; de tel autre, la chevelure ; de celui-ci, les yeux ; de celui-là, l’esprit ; d’un troisième, le caractère ; d’un quatrième, la tendance professionnelle.
Il naît avec une puissance formée par le passé, avec laquelle il entre en contact avec tout ce qui n’est pas lui, c’est-à-dire le milieu. Il s’y adaptera le mieux qu’il pourra et par cela qu’il fonctionne, il tendra toujours à mettre en harmonie son rythme propre avec celui du monde extérieur.
« L’hérédité n’est donc pas une force mystérieuse condamnant l’enfant à l’immobilité et à l’invariabilité, c’est une limite assignée par la nature, limite que peut atteindre l’évolution d’un caractère de l’individu.
« L’hérédité a donné à l’enfant le thème dont le milieu forme les variations (Mac Auliffe). » (Docteur Govaerts, L’hérédité, son rôle dans l’éducation, p.p. 51-52).
« Le développement psychique de l’enfant est ainsi la résultante de deux facteurs ; tendance mentale aux cellules cérébrales de se développer ; excitation de ces cellules par les impressions et vibrations extérieures. Le premier est l’éducabilité ou propriété de l’enfant de répondre au système d’éducation ou d’instruction, ou encore possibilité du développement mental.
La deuxième est l’ensemble des influences de l’enfant qui ne lui appartiennent pas et que nous appelons milieu.
Les fonctions mentales ne sont donc qu’une trame sur lequel le milieu brodera un dessin définitif ; elles sont en puissance chez l’enfant et l’étendue de leur développement sera fonction de cette puissance. » (Dr Govaerts, L’hérédité et son rôle dans l’éducation, p. 53)
Ainsi les hommes ne naissent pas égaux et ce serait une faute de vouloir leur donner une même éducation.
L’hérédité limite donc les possibilités de développement des individus mais fournit à ceux-ci un héritage ancestral qui assure le progrès individuel et le progrès social.
« L’homme s’est élevé constamment au-dessus de l’animal parce que chaque génération a pu s’assimiler rapidement les connaissances acquises et les arts in-