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GAL
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Laissons tous ceux qui se perdent dans la démagogie débiter leur galimatias et poursuivons notre chemin sans nous en écarter ; nous arriverons un jour à être entendus et compris, et on verra alors finir le galimatias, qui préside encore aujourd’hui aux destinées de l’humanité.


GALVANISME n. m. Moyen de développer de l’électricité dans les substances animales. C’est au docteur Louis Galvani, physicien, né à Bologne en 1737 et mort en 1798, que l’on doit la découverte du galvanisme, qu’il appelait, lui, l’électricité animale. C’est le hasard, qui fait tant de choses, qui lui valut cette découverte. En 1789, Galvani ayant disséqué des grenouilles pour en étudier le système nerveux, les avait suspendues à un balcon de fer, au moyen de petits crochets de cuivre, traversant les nerfs lombaires. Il s’aperçut que chaque fois que les nerfs touchaient le fer du balcon, les grenouilles, bien que mortes, éprouvaient des convulsions, et Galvani attribua ces convulsions à un fluide particulier. Volta démontra, par la suite, que ce phénomène n’était nullement dû à un fluide particulier et que l’on se trouvait simplement en présence de phénomènes électriques. C’est cependant grâce à la découverte de Galvani que Volta construisit sa pile, dite pile de Volta, et que les savants ont ensuite fait du galvanisme une science nouvelle.


GARANTIE n. f. Sûreté contre une éventualité quelconque ; ce qui garantit une chose. Engagement qui garantit les possessions d’un objet. Moyen de protection. Un acte de garantie ; un contrat de garantie. Constatation légale des matières d’or et d’argent. La garantie de ces métaux précieux est la marque ou poinçon dont sont revêtus les objets au titre légal.

La garantie individuelle est la protection que la loi est supposée assurer à chaque citoyen. Nous savons que cette garantie est une supercherie et que la liberté individuelle ou collective n’est nullement assurée par la loi et ceux qui sont chargés de l’appliquer ou de la faire respecter. Bien au contraire, les agents de l’État et plus particulièrement ceux de la police, peuvent impunément violer les prétendues lois de garantie, sans craindre les sanctions d’une « justice » asservie au capital et à la bourgeoisie. La police, comme presque toutes les institutions des sociétés modernes, ne sert de garantie qu’à la bourgeoisie contre le travailleur.

Taxe pour fond de garantie. — Selon la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail, à défaut, par les chefs d’entreprise débiteurs ou par les sociétés d’assurances et syndicats de garantie, d’acquitter au moment de leur exigibilité les indemnités mises à leur charge à la suite d’accidents ayant entraîné la mort ou une incapacité permanente de travail, le payement en est assuré aux intéressés par les soins de la Caisse nationale des retraites pour la vieillesse, au moyen d’un fonds spécial de garantie alimenté par les centimes additionnels à la contribution des patentes.


GARROTTE n. f. (de l’espagnol garrote). Appareil de supplice employé en Espagne pour l’exécution des peines capitales. La garrotte fait mourir le patient par strangulation. La garrotte est composée d’une plateforme au centre de laquelle est fixé un poteau et, à ce poteau, un siège sur lequel est assis le condamné. Celui-ci a le cou pris dans un collier de fer réuni à une vis qui traverse le poteau. En serrant cette vis on ramène le collier vers le poteau et le condamné meurt étranglé. La garrotte est un supplice horrible. Il n’y a certes pas de critérium pour déterminer s’il est plus terrible que tous les autres supplices imaginés par les immondes valets de la bourgeoisie. La peine de mort, en soi, est une horreur et un crime. Que ce soit la guillotine, la

chaise électrique, la pendaison ou la garrotte qui provoque la mort d’un homme, l’acte de supprimer par vengeance un être humain sans défense, est une lâcheté.

Nous connaissons l’antienne : « Il est des individus qui ne méritent pas de vivre, qui sont des dangers sociaux, et qui sont eux-mêmes chargés de crimes. Leur laisser la vie, c’est les mettre à charge de la collectivité, de la société et, en conséquence, il est préférable, à tous les points de vue, de les supprimer. » Philosophie d’imbéciles ou de jouisseurs, mais non d’hommes sensés ou raisonnables. S’il fallait garrotter tous les inutiles, tous les criminels, tous les assassins qui évoluent dans les hautes sphères de la finance, du commerce, de l’industrie et de la politique, il faudrait un nombre incalculable de bourreaux. Mais ce sont ordinairement les victimes inconscientes que l’on garrotte, alors que les véritables coupables jouissent en paix de la considération des hommes.


GAZ n. m. On donne le nom de gaz à tout corps invisible, élastique qui, sous l’influence de la pression atmosphérique, reste à l’état de fluide. Gaz d’éclairage ; gaz pauvre ; gaz à l’air ; gaz asphyxiant.

C’est bien à tort que l’on prête à l’ingénieur français Philippe Lebon l’invention des gaz d’éclairage. En réalité, dès 1667, les expériences du chimiste anglais Boyle avaient démontré la combustibilité des gaz provenant du bois et de la houille. Philippe Lebon ne fit que poursuivre les travaux de ses prédécesseurs et de trouver des applications pratiques d’utiliser les gaz pour l’éclairage. En France, on ne voulut pas l’entendre, et il alla porter ses découvertes en Angleterre et, lorsque ce système d’éclairage passa en France, il était déjà très répandu de l’autre côté de la Manche. Le gaz a rendu et rend encore d’immenses services, tant au point de vue domestique qu’au point de vue industriel ; mais l’utilisation du gaz, tout au moins en ce qui concerne l’éclairage et la force motrice, doit faire place à l’électricité, plus moderne, plus pratique et plus propre. Pour le chauffage, l’électricité, quant à présent, ne menace pas le gaz, mais il n’est pas douteux qu’avec le progrès, l’électricité sera le mode de chauffage de demain et que le gaz trouvera une autre utilisation.

Disons que les gaz d’éclairage et de chauffage sont des sous-produits de la houille.

A côté de ces gaz utiles à tous, il y a les gaz inutiles, les gaz criminels, destinés à détruire l’humanité, et que le génie malfaisant de l’homme a mis au service des dieux de la guerre. « Les gaz de guerre ou de combat, dit le Larousse, proviennent de substances diverses, les unes naturellement gazeuses, d’autres liquides ou solides, mais susceptibles de se volatiliser plus ou moins rapidement à l’air. Ils ont été utilisés sous forme de vagues, ainsi que dans les projectiles de tranchées, de canon et d’obusier. Parmi les substances employées, les unes sont suffocantes, déterminant la toux et la mort par asphyxie (chlore, brome, bromacétone, chlorosulfonate de méthyle, chloroformiate de trichlorométhyle, ou palite, phosgène, rationite) ; d’autres sont toxiques, agissant par arrêt d’un organe fonctionnel (acide cyanhydrique, chlorure de phénilcarbine) ; lacrymogènes, provoquant le larmoiement (chlorure et bromure de benzile, chloropicrine, iodacétone, acroléine) ; sternutatoires (éthylcarbazol, cyanure de diphénylarsine). Beaucoup de ces substances possèdent les pouvoirs suffocants et lacrymogènes ; le sulfure d’éthyle dichloré ou ypérite, est à la fois suffocant, lacrymogène et vésicant. Pour garantir le combattant, on a utilisé des masques protégeant les yeux et les voies respiratoires. »

On se garde bien, dans la grande presse, d’initier le peuple aux ravages qui résulteront de l’emploi des gaz