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les glandes à sécrétion interne (glandes endocrines) : corps thyroïde, glande surrénale, testicules, ovaire, etc.

Ce n’est point ravaler (pour quiconque honore la science, la vérité, et se méfie du verbiage de la métaphysique) l’émotivité et la sentimentalité, que de les savoir dans la dépendance d’états organiques et de connaître de toutes les intempérances, surtout celles de mauvaise qualité, quand on sait régler sa vie selon les préceptes de l’hygiène. Car, une fois de plus, il sera établi que l’âme saine ne saurait habiter que dans un corps sain. — Dr Legrain.


INTENSITÉ n. f. Degré d’activité, d’énergie, de puissance. L’intensité du froid, des convictions. « L’intensité de l’existence en diminue la durée » (Buffon). L’intensité d’un courant, d’un champ (électrique, magnétique), de la lumière ( « j’ai fait voir qu’à égale intensité de lumière un grand foyer brûle beaucoup plus qu’un petit » (Buffon), du son (elle dépend de l’amplitude des vibrations), d’une force (mesurée en dynes : unité de force)… On dira, parlant de l’amour, que « sa durée est en raison inverse de son intensité ». Règle générale : le degré d’intensité commande la dépense d’énergie et tend proportionnellement à l’épuisement des foyers ou des sources dont l’aliment ne se renouvelle pas à mesure…

Les milieux révolutionnaires parlent constamment de la nécessité d’intensifier leur propagande. En l’espèce, il s’agit de propager le plus et le mieux possible l’idéologie et la tactique révolutionnaire, et d’y employer, pour en obtenir le rendement le plus élevé, tous les moyens dont on dispose : parole, écrit, action. Certains événements sont particulièrement favorables à un effort exceptionnel. Il n’est pas nécessaire que ces événements aient un caractère spécifiquement anarchiste, pour que les libertaires songent à en tirer parti. Il suffit que, à la faveur des circonstances qui émeuvent l’opinion publique, ils puissent saisir l’occasion d’affirmer leurs idées, de dénoncer l’iniquité sociale, d’ameuter la conscience publique contre les institutions établies, de flétrir la malfaisance gouvernementale, de clouer au pilori la magistrature, la police, de combattre le militarisme, de stigmatiser la rapacité patronale, l’âpreté au gain du mercantilisme, l’imposture religieuse, etc., etc. C’est dans ces circonstances que les anarchistes, quelle que soit la faiblesse des moyens qui leur sont propres, doivent écrire, parler, agir, surtout agir, en un mot se dépenser exceptionnellement et porter jusqu’au degré le plus élevé l’intensité de leur propagande.


INTERDICTION n. f. (du latin interdictio). Prohibition. Défense. « La mendicité est interdite sur le territoire de cette commune » (Arrêté municipal). D’une personne majeure qui, par suite d’un jugement, a perdu la libre disposition de ses biens, on dit qu’elle est frappée d’interdiction. Prononcée dans ces conditions, l’interdiction est une mesure qu’on justifie en invoquant l’intérêt même de la personne qu’elle atteint. Peuvent être interdites les personnes qui sont dans un état d’imbécillité ou de démence. Peuvent l’être aussi les individus qui se livrent à des spéculations, opérations, extravagances ou dilapidations qui compromettent leur fortune. L’interdit est assimilé à un mineur ; l’administration de ses biens et la garde de sa personne sont confiées à un tuteur. Celui-ci a pleins pouvoirs de le représenter et d’agir valablement pour lui dans tous les actes de la vie civile. Cette sorte d’interdiction s’appelle l’Interdiction civile ou judiciaire. On entend par Interdiction légale la privation de l’exercice des droits civils. Cette interdiction est une peine accessoire attachée par la loi aux peines criminelles.

L’Interdiction de séjour a remplacé le renvoi sous la surveillance de la haute police. Elle entraîne la défense

faite au condamné libéré de paraître dans un certain nombre de départements ou de villes. Cette peine accessoire avait été réservée fort longtemps aux condamnés de droit commun. Dans leur âge de répression, les tribunaux, à l’instigation du gouvernement, n’hésitent plus à l’étendre aux condamnés pour faits de grève et autres faits d’ordre politique.


INTÉRÊT n. m. (du latin interest, il importe). Ce qui importe à l’utilité de quelqu’un : c’est l’intérêt qui le guide. Bénéfice qu’on retire de l’argent prêté : placer de l’argent à 6 ou 9 % d’intérêts.

On considère les intérêts simples et les intérêts composés.

Les intérêts simples sont ceux perçus sur un capital fixe non accru de ses intérêts. Les intérêts composés sont ceux perçus sur un capital formé du capital primitif accru de ses intérêts accumulés et portant eux-mêmes intérêts jusqu’à l’époque de l’échéance.

Au figuré : Désir du bonheur de quelqu’un, tendre sollicitude pour lui : ressentir un vif intérêt pour quelqu’un. Ce qui, dans un ouvrage, charme l’esprit et touche le cœur : histoire pleine d’intérêt.



Sous le régime de propriété individuelle, qui est le nôtre, tout produit devant être payé avant que d’être consommé, nul individu ne peut exister sans obtenir l’usage d’un certain capital. La nécessité de ce capital étant absolue et antérieure à toute possibilité de consommer et, d’autre part, le capital étant possédé en totalité par une classe d’individus, cette classe est en réalité maîtresse de la vie des prolétaires qui naissent sans capitaux.

Mais comme le capital ne peut être consommé, mais seulement servir à l’achat ou à la fabrication de produits de consommation, les capitalistes prêtent leurs capitaux aux producteurs… Voici comment s’exprime à ce sujet l’économiste J.-B. Say :

« L’impossibilité d’obtenir aucun produit sans le concours d’un capital met les consommateurs dans l’obligation de payer, pour chaque produit, un prix suffisant pour que l’entrepreneur qui se charge de sa production puisse acheter le service de cet instrument nécessaire. Ainsi, soit que le propriétaire d’un capital l’emploie lui-même dans une entreprise, soit qu’étant entrepreneur, mais que n’ayant pas assez de fonds pour faire aller son affaire, il en emprunte, la valeur de ses produits ne l’indemnise de ses frais de production qu’autant que cette valeur, indépendamment d’un profit qui le dédommage de ses peines, lui en procure un autre qui soit la compensation du service rendu par son capital. C’est la rétribution obtenue pour ce service, qui est désignée ici par l’expression de revenu des capitaux.

« Le revenu d’un capitaliste est déterminé d’avance quand il prête son instrument et en tire un intérêt convenu ; il est éventuel et dépend de la valeur qu’aura le produit auquel le capital a concouru, quand l’entrepreneur l’emploie pour son compte. Dans ce cas, le capital, ou la portion du capital qu’il a emprunté, et qu’il fait valoir, peut lui rendre plus ou moins que l’intérêt qu’il en paye ».

Obligé de demander du capital, le non possédant doit s’astreindre aux lois de l’usure, ou de l’intérêt. C’est-à-dire qu’il devra rembourser soit en produits, soit en travail, non seulement le capital prêté, mais encore une partie de capital, représentant le loyer d’usage, de jouissance. Cette deuxième partie est l’intérêt, appelé auparavant : usure. Il est certain que cet intérêt est toujours en rapport étroit avec l’offre et la demande de capitaux ; or la demande étant nécessairement toujours au maximum, il s’ensuit que le taux de l’intérêt est, lui aussi, toujours au maximum.