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tant plus ou moins des méridiens géographiques (ou axes idéals tracés d’un pôle à l’autre) indiquent la déclinaison magnétique. Il en est de même pour les variations de horizontalité appelée inclinaison.

D’autre part, on constate qu’en approchant un aimant d’un autre aimant suspendu les pôles de même nom se repoussent et que les pôles contraires s’attirent. Comme la sphère terrestre se comporte vis-à-vis de l’aiguille aimantée de la même façon que la pierre d’aimant ; comme la force d’attraction exercée sur l’aiguille ne peut ni la mouvoir d’un mouvement de translation qui tendrait à la déplacer toute entière vers les pôles, ainsi que le prouve l’immobilité d’un aimant léger placé sur du liège flottant sur l’eau ; ni la mouvoir d’un mouvement semblable à celui de la pesanteur, comme le démontre l’immobilité de la balance sur laquelle est placé un barreau d’acier avant et après son aimantation, on suppose que l’aimantation résulte de l’existence de deux forces égales et de sens contraires agissant d’un pôle à l’autre, ce qui justifie le déplacement oscillatoire de l’aiguille et son impossibilité de translation.

Les phénomènes d’induction sont produits par des champs magnétiques réalisés avec les aimants, principalement les aimants artificiels. Si l’on tamise de la fine limaille de fer sur une feuille de papier au-dessus d’un barreau aimanté, elle se répartit suivant certaines lignes, appelées lignes de force, allant d’un pôle à l’autre. Si l’aimant est en forme de fer à cheval ces lignes de force créent entre les deux pôles un champ magnétique lequel à la propriété de faire naître un courant électrique induit dans tout circuit métallique fermé plongé dans ce champ. Lorsqu’on le retire il se produit également un autre courant induit, mais de sens inverse du précédent. On voit qu’il faut qu’il y ait variation du champ magnétique pour engendrer un courant induit. Le même résultat est obtenu en éloignant ou en approchant un aimant d’un circuit fermé.

Les résultats pratiques de ces expériences constituent presque toutes les applications actuelles de l’électricité. Le magnétisme terrestre permet aux navigateurs de connaître à peu près leur situation et de trouver leur route à l’aide de boussoles très compliquées nécessitant quelques données astronomiques. Les phénomènes d’induction sont utilisés pour la construction des dynamos produisant du courant électrique obtenu en faisant tourner des circuits fermés, appelés induits, entre des électroaimants ; des moteurs qui sont des sortes de dynamos réversibles recevant du courant et fournissant de l’énergie mécanique ; des transformateurs créant des courants de haute ou basse tension ; etc., etc. Bien qu’il y ait d’autres moyens de l’obtenir pratiquement les phénomènes d’induction sont les seuls utilisés industriellement pour les grandes productions d’électricité.

B : animal. — Sous le nom de magnétisme animal on désigne des états pathologiques connus depuis des temps très reculés mais observés seulement depuis quelque cinquante ans avec une certaine régularité. Au xvie siècle un mélange curieux d’astrologie et de physique, utilisant les propriétés surprenantes des aimants, conçut diverses hypothèses dans lesquelles un fluide mystérieux, appelé fluide universel, fluide magnétique, esprit universel ou esprit vital, répandu dans l’univers, mettait en rapport tous les êtres et toutes les choses et constituait l’agent essentiel de tous les phénomènes. De l’abondance ou de la diminution de ce fluide résultait la santé ou la maladie et la thérapeutique consistait précisément en l’art de l’équilibrer ou de l’augmenter. On croyait même possible le traitement de toutes les maladies à distance ; c’était le traitement par sympathie. Quelques progrès scientifi-

ques dissipèrent ces hypothèses chimériques mais deux siècles plus tard, vers 1780, l’allemand Mesmer, sorte de médecin-charlatan, les renouvela et entreprit des guérisons sur une vaste échelle au moyen de son fameux baquet fermé, rempli d’eau et de limaille de fer, d’où émergeaient des tiges de fer coudées, lesquelles distribuaient par leur contact le non moins fameux fluide sur les parties malades tandis que les patients attachés ensemble par une corde renforçaient ainsi l’intensité de la magnétisation. Un piano jouait des airs variés et appropriés aux circonstances. Cela fit beaucoup de bruit, tracassa les concurrents médecins et le gouvernement nomma cinq savants dont Franklin et Lavoisier et quatre médecins pour examiner de près cette nouvelle thérapeutique. Après de multiples et méthodiques expériences il fut décidé qu’il n’y avait aucun fluide, que l’imagination des malades constituait le fonds essentiel des faits observés et que les crises provenant du traitement étaient plus dangereuses que bienfaisantes. Un adepte de Mesmer, le marquis de Puységur, pratiquait vers cette époque une thérapeutique assez voisine de la sienne en provoquant un somnambulisme magnétique par attouchement avec une baguette de fer.

De nombreux observateurs s’occupèrent alors de ces phénomènes, les uns restant partisans du fluide magnétique, les autres croyant uniquement à la suggestion. Il serait trop long de faire l’historique de l’hypnotisme depuis cette époque mais les simulateurs l’ayant sérieusement discrédité, Charles Richet entreprit, vers 1880, de le défendre et de l’étudier plus scientifiquement. Deux écoles rivales s’occupèrent alors de la question. La première fut celle que dirigea Charcot à la Salpêtrière ; elle attribuait tous les faits de l’hypnotisme a des troubles organiques désorganisant les réflexes profonds. Cette thèse, appuyée par quelques démonstrations utilisant l’influence des aimants, se rapprochait quelque peu du vieux magnétisme animal. L’autre école créée par Bernheim à Nancy, faisait reposer entièrement l’hypnotisme sur la suggestion ou le pouvoir des idées. Les expériences et les observations ne donnèrent complètement raison ni à l’une ni à l’autre, bien que l’école de Nancy ait mieux compris la nature des faits.

Pierre Janet, qui a longuement étudié ces étranges modifications de la personnalité conclut à l’existence de désordres mentaux plus ou moins profonds. D’après ses observations Il ne serait ici nullement question de fluides mais de désagrégations psychologiques. Dans notre état normal toutes les parties du moi concourent à établir à chaque instant les relations exactes entre les diverses activités du subjectif et la réalité de l’objectif et a déterminer la meilleure adaptation de ce moi aux conditions extérieures. L’ensemble de ces actes psychiques constituent tous les faits de la pensée ; reconnaissance, appréciation, raisonnement, délibération, jugement, choix, détermination volontaire, etc., etc. Dans cet état normal il y a déjà des sortes de petites désagrégations de notre moi créant des distractions, des oublis, des tics, dans lesquelles une partie de notre moi n’est plus en relations avec le reste. Cela se produit également pendant le sommeil. Mais dans les cas vraiment pathologiques la désagrégation est nettement accusée. Le moi n’est plus une fonction synthétique reliant les images, les souvenirs du passé avec les perceptions présentes et les jugeant ; il est formé de sortes d’îlots isolés s’ignorant les uns les autres, de perceptions partielles déclenchant des réactions automatiques et fragmentaires séparées du reste de la personnalité comme dans les troubles connus sous le nom de catalepsie, perte ou dédoublement de personnalité, somnambulisme, insensibilité ou anesthé-