d’une caricature de « maison militaire » commandée par un officier général.
Litt. Parmi les œuvres littéraires dont le titre utilise le mot maison, deux, particulièrement, sont à signaler ici. Ce sont : Maison de Poupée, drame d’Ibsen, où l’auteur pose, face aux préjugés sociaux et aux enchaînements du mariage, le droit (revendiqué par Nora que son mari voudrait tenir au rôle de poupée) de refaire sa conscience et de libérer sa vie, de « développer l’être humain qui est en elle », d’aller jusqu’au bout de sa personnalité… L’autre est : Souvenirs de la maison des morts, suite de tableaux entremêlés de récits, ou Dostoïewsky, au sortir du bagne tsariste, a fixé, avec une sincérité naïve et émouvante, la vie des malheureux auprès desquels il vécut. ‒ S. M. S.
MAÎTRE, MAÎTRISE. n. m. et fém. (latin magister, du même radical que magis, plus et major, plus grand). On désigne par le titre de maître toute personne qui gouverne, qui commande, qui impose sa volonté, régit autrui à son gré.
Quand un anarchiste rapporte à cette concise et suggestive formule : « Ni Dieu, ni maître », les dénonciations essentielles de sa philosophie, il se sépare à la fois de tous les dieux qui trônent sur la conscience et l’esprit à la faveur du surnaturel et des tyrans de toute nature qui à tous les échelons de la vie sociale assoient leur empire sur la faiblesse ou la pusillanimité des hommes. Face aux divinités dont l’omniscience s’oppose à sa curiosité, il proclame sa méfiance à l’égard de la révélation et lui oppose sa conception, virile, du savoir. Et il répudie, avec celle des religions agrippées à la créature, l’emprise des religiosités qui se disputent sa pensée. En même temps, il repousse comme illégitime, au contrôle du droit naturel, la souveraineté que revendiquent, sur quelque portion de l’humanité, des unités plus fortes ou plus habiles. Il nie que soient fondées en raison les prérogatives du règne ou du commandement et qu’elles se soient affirmées autrement que par traîtrise ou duperie, sous les auspices de l’avidité ou de l’intolérance, avec les armes de la perfidie ou de la violence. Il n’est pas de supériorité qui justifie à ses yeux la domination d’une personnalité sur une autre, la mise à merci de l’esclave à la toute-puissance du maître. Et il se refuse à obéir aux injonctions, voire aux invites, dont la base est un pouvoir tenu par lui pour une usurpation. « Ni Dieu, ni maître ! » Pas de souverain d’une autre essence, de chef mystérieux et suprême tyrannisant l’univers et répondant à nos questions sur l’inconnu par des explications éternelles. Pas davantage de maître humain, campé sur l’activité des peuples et leur évolution, s’immisçant jusqu’au cœur de la vie individuelle, substituant à notre volonté sa fantaisie omnipotente. Pas de préposé ‒ plus ou moins légitimement mandaté ‒ à la gérance de nos intérêts et de nos destinées. Pas de direction imprimant à notre conscience, à notre pensée, à notre vie même son mouvement et son opinion propres. Pas d’impératif ‒ déguisé ou catégorique ‒ nous enchaînant à quelque décision étrangère. Au foyer comme dans la société, pas de chef sur l’individu !
Nous ne reconnaissons que des hommes, aux capacités diverses, aux possibilités multiples et, pour chacun, la faculté, dans le champ commun ouvert à notre essor, de librement s’épanouir… Tant de siècles ‒ et le nôtre encore ‒ n’ont connu que ces deux camps : une poignée de maîtres distribuant des ordres, un troupeau soumis les exécutant. Contre cette obéissance séculaire, fruit de l’erreur, de la lâcheté, d’un lointain sentiment d’infériorité que les mieux doués ont exploité, contre l’abdication du grand nombre devant l’intrigue, la force ou la rapacité, nous dressons ces revendications premières : pas d’autorité imposée, pas d’influence qui com-
Il y a dans l’histoire des collectivités, des millénaires de dictature, de sujétion dans la vie des êtres. La source nous en ramène à l’arbitraire initial des conquérants égoïstes, à la domestication des faibles sur les premiers biens usurpés. La ruse et les poings ont perpétré le rapt et, pour mieux en défendre le fruit, les triomphateurs ont répandu la légende de leur titre sacré à la propriété et au pouvoir. Ils ont appelé la morale à leur secours et ils ont préposé ‒ garantie cynique ‒ les spoliés à la garde du butin, devant leurs forfaits magnifiés.
Les maîtres du monde ont, avec plus ou moins de brutalité et de franchise, affirmé leur droit à maintenir les générations sous le joug. Tandis que fléchissait leur prestige divin, ils inclinaient à invoquer, pour sauvegarder l’auréole à leur main-mise, le bien même des masses à leur merci. Leur convoitise multiforme, leur passion de lucre et de suprématie, les folles satisfactions de la vanité et du caprice se paraient d’enseignes généreuses à mesure que des doutes inquiétants en soulevaient la supercherie. Pères, arbitres familiaux, guerriers influents, chefs de clans et de tribus, roitelets primitifs, empereurs antiques et rois du moyen-âge étalaient hardiment les droits de leur absolutisme et n’en tempéraient point la rigueur par des « raisons » déjà défensives. À l’approche des temps modernes le pouvoir, contesté déjà dans son essence et çà et là controversé, va troquer sa nature divine pour des justifications temporelles ; il va s’éparpiller, se dérober, prendre, comme l’hydre, plusieurs têtes. Il introduira, dans son principe, plus de démonstration, apportera, dans ses interventions, plus de souplesse raffinée. Une maîtrise hypocrite et savante ; une autorité ramifiée, préside à l’asservissement des peuples d’aujourd’hui. Les arbitres des nations ‒ grands propriétaires, riches industriels, financiers, détenteurs rentés des capitaux ‒ exercent leur règne en secret et les agents qu’ils portent aux premiers postes des États, ils ont eu l’ingénieuse idée de les faire « désigner » par le suffrage des multitudes qui s’imaginent avoir ainsi choisi leurs « délégués ».
Nombreux sont, dans cette Encyclopédie, les mots où la nature et la qualité des maîtres, leur valeur intrinsèque et conventionnelle sont mises à nu et disséquées. Partout, en cet ouvrage, est attaquée une organisation qui cherche entre ces deux pôles antagonistes : esclave et tyran, maître et serviteur, chef et soldat, un impossible équilibre et une fallacieuse « harmonie » ; partout les maîtres, tant publics que privés, tant sociaux qu’individuels, placés sur le plan d’une critique rationnelle et humaine y sont dépouillés de ce halo trompeur, de ces vertus abusives et de cette fausse nécessité que lui attribuent, pour des desseins de consolidation, coutumes, préjugés, morales et institutions. On consultera, pour une documentation aussi complète que possible, les études sur anarchie et anarchisme, autorité, capitalisme, communisme, dictature, gouvernement, liberté, majorité, société, etc. d’une part, et d’autre part les articles sur enfant, enseignement, éducation, individu, mariage, morale, préjugé, sexe, union, vie, etc. On y aborde sous quelque face le problème que nous frôlons seulement ici et nos lecteurs feront d’eux-mêmes la large et cohérente synthèse qu’appelle la logique.
Disons, pour poursuivre ce résumé, que, dans tous les domaines de la vie publique ou particulière, c’est à qui exercera sur autrui sa puissance, voudra, par d’autres moyens que la persuasion, peser sur toute