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dans les végétaux que se trouvent les principes prophylactiques du cancer ». (Interview du Quotidien).

Dans sa brochure : Le Cancer, le Dr Victor Pauchet, l’éminent chirurgien de l’hôpital St-Michel, l’auteur de Restez Jeunes et du Chemin du Bonheur situe au sommet de la hiérarchie des causes intervenant dans la genèse du cancer : la viande, l’alcool, etc… Selon lui, les populations méridionales de l’Europe, moins carnophiles que celles du Septentrion, payent un moins lourd tribut au fléau. Les docteurs Gaston et André Durville opinent dans ce sens ajoutant à ces facteurs, celui de sédentarisme, de la cinémophobie, etc. D’après M. de Parandel, Dr du Laboratoire de Bromatologie de Vitry, les Américains des États-Unis du Nord de l’Amérique, recordmen de la consommation carnée, sont également détenteurs de la plus forte mortalité cancéreuse avec un chiffre annuel de 5.000 à 10.000 cas mortels pour 100.000 décès. Tandis que les pays à prépondérance fruito-végétarienne n’enregistrent que 5 ou 6 cas seulement pour ce même chiffre de 100.000 décès.

Dans son ouvrage : Le Naturisme Intégral, le Dr Demarquette apporte une documentation précise sur ce cas troublant. Il nous enseigne qu’aux Indes où fourmille une population de plus de 300 millions d’habitants, 230 millions environ observent les rites végétariens en raison du principe de la métempsychose. Aussi, le cancer se manifeste rarement parmi eux. Par contre, les 70 millions d’Européens et de Musulmans vivant au sein de cette vaste communauté, subissant par conséquent les mêmes influences telluriques et climatériques, mais qui affectionnent la chair animale, sont lourdement et cruellement frappés par l’épouvantable mal.

Même constatation enregistrée en Égypte. Les Fellahs, fidèles observateurs de la tradition végétarienne de leurs pères, jouissent de l’immunité anticancéreuse cependant que les Coptes des villes qui ont adopté la méthode culinaire des Anglais partagent avec ces derniers les malveillantes attentions de ce redoutable Moloch.

Dans les provinces catholiques de l’Irlande où il est fait une moindre consommation de viande que dans l’Ulster protestant, les cas de cancer y sont beaucoup moins nombreux.

Ajoutons qu’au cours de la guerre mondiale de 1914–1918, la plupart des maladies infectieuses, y compris le cancer, subirent, dans les Empires Centraux, une très notable régression, atteignant, selon les cas, jusqu’à 95 %. L’impossibilité où se trouvaient ces importantes nations de se ravitailler en animaux de consommation imposant à la majorité de leurs membres, un végétarisme quasi-complet et obligatoire, sans être cependant parfait, ne montre-t-elle pas le bien fondé de la thèse végétarienne ? Le parallélisme de la consommation carnée et de la marche cancéreuse s’avère, ici, comme en de multiples cas, tout à fait patent.

Que penser, après ce qui précède, de l’importance accordée jusqu’à ce jour au traitement préventif et curatif de la tuberculose par l’alimentation carnée. Devrons-nous lui accorder encore le caractère sacré d’antidote spécifique que lui confère le grand public et les « sommités » médicales ? Ou estimerons-nous avec quelques novateurs de la Faculté que, dans ce domaine, comme dans tous les compartiments de la pathologie, son action sclérosante, arthritisante, prépare organiquement le « terrain », favorisant, en quelque sorte, la réceptivité bacillaire, trahissant ainsi, une fois de plus, l’espoir des foules crédules et désemparées ?

Certes ! tout indique que l’alcoolisme, même modéré, est le plus puissant facteur de délabrement à forme tuberculeuse. La France, qui est par excellence la plus forte consommatrice de boissons fermentées et de vins en particulier puisqu’elle totalise, bon an mal an, une consommation officielle de près de 24 litres d’alcool absolu par tête d’habitant (en 1932, il s’est

consommé, par individu, 146 litres de vin) atteint non seulement l’effrayant record de la mortalité générale mais aussi celui de l’hécatombe tuberculeuse avec, selon les auteurs, cent mille à deux cent mille décès d’origine tuberculeuse annuellement. Malgré la multiplication des Préventoriums, Sanatoriums et autres Dispensaires, « l’épidémie » persiste à « plafonner » tandis qu’en Angleterre où la lutte anti— alcoolique a fait fléchir la consommation du sinistre breuvage qui est passé de 10 litres à 7 litres par individu et par an, il n’est plus enregistré que 35.000 décès tuberculeux au lieu de 50.000 précédemment. On n’en continue pas moins, en France, à préconiser et appliquer le décevant traitement antituberculeux par le système de la suralimentation carnée et vinée pour des résultats immuablement identiques.

Parce que des physiologistes obtinrent la guérison de chiens tuberculeux par le système de la viande crue, on s’évertue à imposer cet absurde traitement à des hommes atteints du même mal sans préoccupation aucune des divergences physiologiques qui nuancent les espèces. Rien de plus normal que le chien, animal carnivore, victime de carences, bénéficie d’une excellente mesure qui s’harmonise admirablement à sa constitution. L’appliquer à l’homme est faire preuve d’aberration pour ne pas dire plus.

C’est, en quelque sorte, l’opinion qu’exprime dans sa brochure L'Alimentation des tuberculeux le Dr Georges Petit qui dirigea longtemps le Dispensaire antituberculeux du 11e arrondissement. La suralimentation des tuberculeux placés sous sa direction, au moyen de la viande crue, aboutissait, certes, dans la plupart des cas, à un engraissement considéré au début comme devant être de bon augure. Mais comme il s’accompagnait généralement d’un état congestif se traduisant presque invariablement par de redoutables hémoptisies aux conséquences souvent mortelles, le remède s’avérait pire que le mal.

Cet engraissement obtenu, en somme artificiellement, n’a rien de comparable à l’accroissement de la masse musculaire, seul digne d’intérêt, que l’on ne peut obtenir que par le truchement d’un exercice intelligemment appliquée (voir Physique ; Culture). Ce n’est autre chose qu’une dégénérescence adipeuse des tissus, phénomène pathogénique par excellence. Il n’en est pas moins considéré par nombre de praticiens ainsi que par toute la multitude comme étant un indice de bon augure.

Le maquignon retors, désireux de se débarrasser d’une rosse étique difficilement négociable, s’assure un résultat analogue par le traitement arsénical. Il obtient, grâce à lui, sur son carcan délabré, ce que le morticole détermine chez les malheureux tuberculeux : une grossière et trompeuse apparence tout simplement.

D’ailleurs, si le régime carné intensif devait aboutir à l’immunité antituberculeuse comment interpréter le fait que c’est la corporation des bouchers qui fournit le plus fort contingent proportionnel de décès d’origine tuberculeuse ? C’est ce qui ressort d’une statistique empruntée au Dr Schlemmer, par le Dr Carton et qui figure dans son intéressant ouvrage : La Tuberculose par Arthritisme. Nous ne ferons pas l’injure aux bouchers d’imaginer qu’ils boycottent les produits de leur sanglante industrie qu’ils savent, d’ailleurs, arroser de copieuses rasades de breuvages multicolores. C’est, cependant, si nous nous inspirons de la logique orthodoxe primant dans tous les milieux médicaux et profanes, la profession qui devrait être la plus épargnée. Elle précède, dans l’importance de l’ordre numérique et nécrologique, celle des terrassiers, des dockers, des débitants d’alcool, etc., toutes catégories appartenant à la classe des suralimentés, des… sur-intoxiqués !… Les bouchers cumulent également, d’après le Dr Carton, cet autre peu envié privilège d’être les plus atteints par le diabète, les affections du foie, des reins, etc… Ce sont