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sociale qui pèse cent fois plus lourdement sur le monde par l’arbitraire et la corruption que tous les régimes anciens disparus. La vénalité ne disparaîtra des sociétés humaines qu’avec l’exploitation de l’homme sur laquelle elles sont basées, et avec l’argent corrupteur des consciences qu’il avilit dans le culte du Veau d’Or. — Edouard Rothen.


VENT n. m. (du latin : ventus). Le vent n’est autre chose que de l’air en mouvement. À première vue, il n’y a rien de plus capricieux que le vent, il change constamment de direction et de force. Il peut souffler dans l’intervalle de quelques jours de tous les points de l’horizon ; il peut faiblir, au point d’être nul, pour acquérir, d’autres fois, une vitesse redoutable. Et pourtant il ne souffle pas au hasard ; il obéit, dans sa formation et sa direction, aux lois suivantes : il souffle toujours des zones de hautes pressions aux zones de basses pressions. Il souffle en forme tourbillonnaire. Sa vitesse est d’autant plus grande que l’écart de pression existant entre deux zones est plus considérable.

Quelles causes déterminent les vents ? ― Ils résultent généralement de la différence de température sur deux points de la terre. Si, de deux régions voisines, la première est plus échauffée que la seconde, il se produira un vent inférieur qui ira des parties froides vers les régions chaudes et un second courant supérieur qui se dirigera du point échauffé vers les parties froides. Les portions d’air échauffées se dilatent, deviennent plus légères et s’élèvent comme un bouchon qu’on tient immergé, monte à la surface quand on le lâche. L’air chaud étant plus léger que l’air froid doit donc s’élever et être remplacé par le bas par de l’air affluant latéralement. Ils se produira ainsi au dessus de la région échauffée deux courants contraires, l’un transportant l’air chaud, l’autre amenant l’air plus froid des régions voisines.

L’air est donc en perpétuel mouvement. C’est le soleil qui est la cause première de ces mouvements de l’atmosphère auxquels on donne le nom de vent. On a groupé les vents en quatre classes : les vents réguliers, les vents périodiques, les vents variables et les vents locaux.

Les vents réguliers sont les alizés. Ils soufflent de l’Équateur aux Pôles et des Pôles à l’Équateur. Les premiers ou « contre-alizés » soufflent à une grande hauteur, les seconds ou alizés proprement dits soufflent à la partie inférieure de l’atmosphère. L’alizé ne souffle pas normalement à l’Équateur en raison du mouvement de rotation de la terre ; l’alizé nord souffle dans la direction N.-E., S, —W ; l’alizé sud dans la direction S.-E.-N.-W, c’est ce qu’on nomme la déviation des vents.

Les vents périodiques sont les moussons qui règnent sur toutes les mers tropicales et qui changent de direction tous les six mois. Ces courants aériens soufflent alternativement d’octobre à mars, du continent asiatique, siège de hautes pressions, vers les Océans Pacifique et Indien, siège des basses pressions. C’est la mousson d’hiver. En été, le phénomène contraire se produit. Les vents soufflent des Océans vers les continents. Ces mouvements de l’atmosphère se produisent surtout en Asie, en raison des déséquilibres de pressions existant entre l’énorme masse continentale de l’Asie et l’immense surface liquide du Pacifique. En hiver, la mousson ralentit ou interrompt complètement la vie agricole, mais la mousson d’été ramène, sur les pays de l’Asie, du Sud-Est, la pluie qui favorise la culture des céréales.

Les vents variables sont amenés par des déplacements fréquents des zones de hautes et de basses pressions. Ils règnent surtout sur l’Europe, qui située entre des mers à température très opposées est exposée à des conditions très variables de l’état des couches d’air.

Quoique n’ayant pas la régularité des alizés et des moussons, ces vents observent cependant des tendances dominantes. Le régime des vents d’Ouest est le plus habituel. Ces vents venus de l’Atlantique soufflent souvent pendant près de la moitié de l’année. De même les vents d’Est et du Nord-Est peuvent régner pendant une assez longue période, nous donnant des hivers secs et froids ou des étés chauds et secs. Les vents du sud sont plutôt rares en nos pays. Il faut aussi citer les vents « étésiens » qui soufflent d’Europe en Afrique à travers la Méditerranée et qui sont attirés par la haute température du Sahara.

Les vents locaux soufflent sur de faibles espaces et ne produisent que des effets limités. Citons le simoun, sec et brûlant qui soulève les sables du Sahara ; le siroco, chaud et humide, soufflant du sud sur l’Italie et la France méridionale. Le fœhn, autre vent chaud du Sud-Ouest, activant, dans les Alpes, la fonte des neiges ; le mistral, vent froid du Nord-Ouest soufflant en hiver et au printemps sur la Provence. Il faut y ajouter les « brises de mer » propres aux côtes des pays chauds, et les « brises de vallée et de montagne » particulières aux pays au relief très accentué. Ils sont dû aux variations diurnes de la température.

En dehors de leurs mouvements normaux, les vents peuvent acquérir, pour des causes non définies encore, des vitesses formidables accompagnées de mouvements giratoires : ce sont les cyclones et les trombes, dont les manifestations moins violentes sont les ouragans et les bourrasques. Les cyclones portent leur action dévastatrice dans l’Océan Indien et les Antilles et se produisent aux changements de moussons. Ce sont des masses atmosphériques dont le diamètre peut atteindre plusieurs centaines de lieues, dont le centre est calme et qui se déplacent à une vitesse pouvant atteindre 60 kilomètres à l’heure. Ce mouvement de translation est accompagné d’un mouvement tourbillonnaire dont la vitesse peut être de 100 kilomètres à l’heure. Rien ne résiste à de pareils cyclones : les navires sont engloutis ou jetés à la côte ; les habitations renversées, les arbres arrachés et transportés au loin. Ceux du Gange (1737), de Calcutta (1865), du Bengale (1876), du Golfe d’Aden (1886), de la Martinique (1891), des Antilles (1898), ont coûté la vie à de nombreuses personnes et causé d’incalculables dégâts. Les cyclones dévastent chaque année, les États-Unis et y sont toujours désastreux et meurtriers. Les typhons qui se manifestent dans les mers de Chine doivent être rapprochés des cyclones.

Le vent peut atteindre des vitesses variables allant de 2 à plus de 30 mètres par seconde (108 kilomètres à l’heure). À cette dernière vitesse, on conçoit que rien ne résiste à son action : les constructions les plus solides sont renversées.

Les vents réguliers, comme les alizés et les contre-alizés impriment aux eaux de la mer des mouvements de translation généraux appelés courants marins. Ces courants marins chauds ou froids, selon leur lieu d’origine, viennent réchauffer ou tempérer les pays qu’ils baignent en y régularisant, par leur apport, la température.

La circulation de l’atmosphère met en mouvement les masses gazeuses qui sont transportées d’un point à un autre du globe avec tous les éléments divers qu’elles contiennent, en particulier la vapeur d’eau, facteur de vie. Sans cette dernière il ne peut exister aucune vie, car sans elle aucune vie animale ni végétale n’est possible. Or l’eau, indispensable à l’existence des êtres organisés, provient de la condensation faite sous forme de pluie ou de neige, de la vapeur d’eau contenue dans l’air. Cette pluie ruisselle le long des pentes montagneuses, forme des ruisseaux, des rivières, des fleuves et retourne à la mer après avoir tout fécondé sur son passage. ― Charles Alexandre.