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x AVERTISSEMENT.


nisme, que pour se venger du cardinal de Noailles, sans que l’auteur dise un mot pour détruire cette calomnie (a[1]). Les autres défenseurs de la foi et de la morale chrétienne, sur-tout ceux qui ont occupé quelque dignité dans l’église, ne sont pas mieux traités. Les compilateurs ne manquent presque jamais d’une réflexion propre à détruire de fond en comble, toute la considération dont ils jouissent dans la mémoire des gens de bien. Des princes qui ont montré beaucoup de zèle pour la propagation de la foi, pour la destruction des hérésies, et dont la mémoire a été constamment en vénération parmi les Chrétiens, sont peints sous des traits méprisables ou odieux, et ravalés quelquefois jusqu’au rang des fanatiques ou des tyrans (b[2]).

Mais si effectivement quelque prince ou prélat catholique s’est laissé engager dans une entreprise condamnable, c’est alors que le fiel coule à grands flots de la plume des lexicographes ; ils ne savent trouver des épithètes assez odieuses, pour caractériser des démarches, qui souvent ne sont que l’effet d’une illusion générale. C’est ainsi que le respectable Bernard de Percin de Montgaillard, abbé d’Orval, homme très-

  1. (a) C’est-là la méthode favorite des rédacteurs pour calomnier les grands hommes. Ils rapportent soigneusement toutes les horreurs que l’imposture en a publiées ; après quoi ils ajoutent, qu’ils ne les garantissent pas... que l’impartialité qu’ils professent, les empêche de prononcer sur ces accusations…, que peut-être elles ne sont pas assez prouvées, etc. Avec cela, ils atteignent leur but, qui est d’accréditer les mensonges les plus odieux. Le lecteur ignorant ou prévenu ne laissera pas d’y ajouter foi ; les moins crédules soupçonneront qu’il y a au moins quelque chose.
  2. (b) Quel motif pour les âmes sages et fortes de mépriser la gloire et les éloges des hommes, lors même qu’ils semblent le plus solidement et le plus invariablement appuyés sur l’histoire ! Tel prince aura fait l’admiration de vingt siècles : il se forme de nouvelles idées, d’autres principes, d’autres fondemens de l’estime publique ; le grand homme n’est plus qu’un imbécille ou un monstre.