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Puis leur mourante voix manquant à leur pensée,
S’éteignit sans finir la phrase commencée.
Lorsque dans le bahut on voulut regarder,
On découvrit au fond de la soie à broder
Sur mille pelotons de couleurs variées ;
Puis des flèches, des arcs, des aigrettes ployées,
Des pagnes de sauvage, et ces objets divers
Reconnus sans valeur, furent livrés aux vers ;
Et l’on avait laissé dormir la vieille caisse
Jusqu’au jour où les sœurs vinrent, dans leur détresse,
Chercher le fil soyeux nécessaire à finir
Ce voile qu’à l’autel demain on doit bénir.
Parmi les pelotons la nuance est trouvée ;
La première aiguille est d’abord enlevée,
Et la soie apparaît dans toute sa fraîcheur.
Tandis qu’on la dévide, ô surprise ! ô bonheur !
Un petit lingot d’or caché sous la pelote,
S’échappant de la soie à mesure qu’on l’ôte,
Retombe sur le sol, et bondit bruyamment.
Les sœurs restent sans voix dans leur étonnement.
Dans chaque peloton un lingot se recèle,
À leurs pieds leur trésor grossit et s’amoncelle ;
Alors formant tout haut mille vœux différents,
Elles courent porter cet or à leurs parens.