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LIVRE viii.

sans peine, parce que les Phéniciens sont en paix et en commerce avec tous les peuples de l’univers.

Télémaque regardait avec admiration cette ville naissante, semblable à une jeune plante, qui, ayant été nourrie par la douce rosée de la nuit, sent, dès le matin, les rayons du soleil qui viennent l’embellir ; elle croît, elle ouvre ses tendres boutons, elle étend ses feuilles vertes, elle épanouit ses fleurs odoriférantes avec mille couleurs nouvelles ; à chaque moment qu’on la voit, on y trouve un nouvel éclat. Ainsi fleurissait la nouvelle ville d’Idoménée sur le rivage de la mer ; chaque jour, chaque heure, elle croissait avec magnificence, et elle montrait de loin aux étrangers qui étaient sur la mer, de nouveaux ornements d’architecture qui s’élevaient jusqu’au ciel. Toute la côte retentissait des cris des ouvriers et des coups de marteau ; les pierres étaient suspendues en l’air par des grues avec des cordes. Tous les chefs animaient le peuple au travail dès que l’aurore paraissait ; et le roi Idoménée donnant partout les ordres lui-même, faisait avancer les ouvrages avec une incroyable diligence.

À peine le vaisseau phénicien fut arrivé, que les Crétois donnèrent à Télémaque et à Mentor toutes les marques d’amitié sincère. On se hâta d’avertir Idoménée de l’arrivée du fils d’Ulysse. Le fils d’Ulysse ! s’écria-t-il ; d’Ulysse, ce cher ami ! de ce sage héros, par qui nous avons enfin renversé la ville de Troie ! qu’on le mène ici, et que je lui montre combien j’ai aimé son père ! Aussitôt on lui présente Télémaque, qui lui demande l’hospitalité, en lui disant son nom.

Idoménée lui répondit avec un visage doux et riant : Quand même on ne m’aurait pas dit qui vous êtes, je crois que je vous aurais reconnu. Voilà Ulysse lui-même ; voilà