Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/13

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la Réforme », et les plaçait sous les auspices du véritable inspirateur du protestantisme moderne, Alexandre "Vinet[1].
Nous n’avons garde de contredire à cette filiation, que tout justifie; nous demandons simplement le droit de la prolonger dans le passé et de rappeler à cette « jeune théologie » un ancêtre oublié que nous serions tentés d’appeler, si ces rapprochements n’étaient toujours défectueux, le Vinet du XVIe siècle.

Il me reste un devoir doux à remplir : c’est d’exprimer publiquement ma gratitude à ceux dont le bienveillant concours m’a rendu possible l’achèvement de ce travail. Je dois à un grand nombre de Bibliothèques des villes et des Universités d’Allemagne les éléments d’une bibliographie des ouvrages de Castellion, incomplète encore, mais la plus étendue qui ait été publiée jusqu’à ce jour. M. Dziadzko, d’abord à Breslau puis à Gœttingue, m’a particulièrement aidé avec la plus grande obligeance. De Hollande plusieurs bibliothèques, depuis celles des églises de Remontrants jusqu’à celles de l’Université et de l’Etat, m’ont confié, avec cette libéralité que les travailleurs ne se lassent pas de donner en exemple à d’autres pays, des livres rarissimes comme ceux de David Joris et des manuscrits de Castellion. En Belgique j’ai eu le bonheur d’intéresser à mon travail M. Ferdinand Vander Haeghen, dont tous les amants du XVIe siècle ont éprouvé à la fois l’inépuisable

  1. Si c’était le lieu d’y insister, on signalerait parmi les publications toutes récentes comme symptômes irrécusables de la même tendance et de son rapide développement au sein du protestantisme : les deux admirables études de M. le professeur Sabatier, l’une lue à la Faculté, la Vie des dogmes, l’autre qui va paraître sous ce titre : « Le Nouveau Testament contient-il des dogmes? » ; l’article de M. Roger Hullard, la Théologie de la peur et la théologie de la foi; enfin les thèses de Chexbres, puisqu’on a nommé ainsi, à la façon du XVIe siècle, les propositions de M. le professeur Astié, de Lausanne, qui débutent par cette phrase significative : « L’intellectualisme, père de toutes les orthodoxies, a décidément fait son "temps ».