Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/138

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420 sE1zAsT1EN CASTELLION. · mission, qui n'est pas une soumission aveugle,·n`étoull`e pas les sanglots, n’arrète pas le flot des souvenirs, des détails familiers et touchants : le cœur se laisse aller et fond en larmes, apres que la conscience, se maîtrisant, a fait son devoir et rendu gloire a Dieu. Pendant le reste du printemps et pendant l`été suivant, l’épidémie continue. Lorsque Calvin rentra a Strasbourg, au mois de juillet, elle avaitfait de nouveaux ravages, particulie- rement dans les rangs de la jeunesse studieuse. Le fils de Zivingle fut au nombre des victimes. La peste s’étendit jusqu'a Bale, ou mourut l’illustre Simon Grynée (aout 4540). Quelques mois plus tard, Bucer perdait sa femme et ses enfants, Capiton sa fille. Enfin le professeur Bedrot ‘ et Capi- ton lui-même sont enlevés ài la lin de l’annee“. Le successeur de Calvin dans la charge de pasteur de l’Église française ne fut aucun de ces jeu11es gens dont nous venons de le voir entouré. Ce fut un dernier venu, un jeune ex-domi- nicain de Metz, Pierre Brully, qui, apres une premiere tentative de réforme a Metz, arriva a Strasbourg quelques semaines avant le départ de Calvin pour Geneve, fut reçu chez lui `(juillet 4544) et lui inspi1·a une si grande confiance qu'a son départ (septembre) ce fut lui qu`il désigna pour ministre de la petite Église. On sait que Brully fit honneur a ce choix : appelé à alle1· prêcher l’Évangile dans son pays, il ne put résister a l’appel, parcournt la Flandre au péril de sa vie, puis, dénoncé par un faux frère a'Tournay, il fut mis en prison et condamné apres une procédn1·e inique, malgré l’intervention .,des autorités strasbourgeoises. Le 48 février 4545, il écrivait a sa femme un mot d`adieu sublime, et le 49 il fut brûlé vif “. Au retour de Calvin il Strasbourg (juillet 4544), Castellion n’y était plus : il l’avait précédé a Geneve. 1. ll écrivait le 24 anùt 15-il à Myconinsz u Pestis haclenus satis clemcns nobis fuit. Mense enim toto non sunt mortui ultra 160 homines. Verum jam atrocius sœvire incipit, » 2. « Pour la seule annèc15U le nombre des victimes s'éleva, d’après un relevé officiel fait par Pammeister Mathias Gciger, ii 3203 personnes. ¤· Engel, les Commencemenls de l'ensci« gnement primaire ai Strasbourg, p. 26. _ 3. Nous avons plusieurs fois cité sa biographie pleine d'intérét écrite par M. Rod. Keuss (Pierre Ilrully. ancien dominicain de lletz, ministre de¤l’Eglise française de Strasbourg (/539-I545), étude biographique. Strasbourg, 1878, in·S°). Voir aussi Ch. Paillard, lc Procès de f’lî‘peiî;al(géjp44-i5), d'après les papiers inédits des archives du royaume de Belgique.