Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/184

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166 SEBASTIEN CASTELLION· danger voire de perdre la vie, que de laisser tuer un si bel enfant. 0 le cruel Boy, d’avoir commandé qu’on tuast les enfants nez masles! Que maintz ont esté mis à mort par son commandement, a l’entrée de la vie! Ouyt-on jamais parler de une si grande cruauté? estrangler les enfants ài la porte et entrée de la vie‘? 0 mon ·enfanton, moy mère . misérable, suis contrainte de te mettre à l’abandon icy au papier 1, toy quej’ay caché trois mois, et encore cacheroye si je povoye. 0 que c’est une chose amère, faut-il que je soye séparée de toy, sans espérance de jamais te voir! Que deviendrayije, et toy mon filz que je délaisse icy? Mais puisque nous ne pouvons ce que nous voulons, voulons ce que nous pouvons. .I’ay fait mon devoir de te tenir secret; maintenant je te met en la clemence et providence de Dieu. A l)ieu tout mon plaisir, a Dieu mon petit fîlz. LA sœur. — Ma mère, je demoureray icy cachée, s’il te plaist, pour voir qu’il en sera. JOCABED. —— J’en suis contente 'et m’en retourne a la maison. LA FILLE un PnAnAoN. — Voicy la rivière ou nous venons pour nous bagner. Vous, damoiselles, vous vous pourmenerez icy auprès de la rivière, et je m`en iray avec la servante en ceste reculée plaisante et secrette. Mais que voy-je au papier? Chamhrière, va voir que c’est: il me semble que c’est une arche. ` LA ermnaaiène. — Aussi est-ce, maîtresse; et si est embituminée et empoignée 2. LA FILLE on PnAnAoN. — Apporte la çà : ouvrons la. — A pouvret : c'est; un enfant qui brait : il m’en fait mal :c’est des enfants des Hebrieux. LA scxaun. — Je vien à avoir grande espérance de sauver l’enfant; je m’approcheray. Dieu gard madame! LA FILLE nn PnAnAox. -— Que dis-tu. LA sœun. — Veux-tu que je t’aille querir une nourrice des Ilebrieuses, qui te nourrira l’enfant? LA 1=n.LE un l>nAnAoN. -— Tu dis bien : va la querir. LA scxaun. — Elle sera tout maintenant icy. LA rieur: un PnAnAoN. — A la bonne heure suis-je icy descendue. J’ay _ un enfant que je feray nourrir comme mien. Il ne me pouvait rien advenir que plus j’aymasse, et si n’ay point peur de faire desplaisir à ‘ mon père 2 mesmement en une chose tant humaine et pitoyable. Ah, c'est meschamment fait d’estrangler les enfants nouveaux. Mais qu’il est joly, qu’il a belle venue! N’est-ce pas vilainement fait, de tuer telz enfants? LA suzun. — Je t’ameine icy une nourrice, madame. LA rires ne PHARAON. — Femme, tu me nourriras cest enfant, je te payeray ton salaire. JocAnnn. — C’est bien. Ces extraits suffiront à faire comprendre un jugement que l’on nous permettra de transcrire ici. Charles Nodier pos- 1. L’auteur met lui-même en marge une note explicative un peu brève, il est vrai, mais que le maître devait compléter oralement : « C'est une sorte de petit arbre »» (papirus). 2. Oblita bitume et pice. - .