Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/188

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170 SÉBASTIEN CASTELLION. On l’a souvent remarqué, il y avait plus d’u11e raison de l secrete affinité entre la Genève de Calvin et l‘Israel biblique. Ce n’est pas l’effet d’une fortuite rencontre si l’Ancien Testa- ment s’est trouvé partout et et Geneve plus qu’ailleurs le livre, le code, la charte des premiers buguenots. Qu`on se repré-} sente leur situation matérielle aux portes de la France, à la merci du premier coup de main, ou leur situation morale, En l’extreme -avant—garde des sacramentaires, c’est-a-dire des enfants perdus du parti luthérien : on comprend aussitot le besoin qu’ils avaient de se retremper dans le plus ardent el le plus jaloux monothéisme pour y puiser_une sorte de foi aveugle, leur seule arme, leur seule force et leur seul espoir. Pour faire de tels hommes, ce n’est pas trop de commencer des l’enfance à. leur inculquer l’l1orreur des idoles, et leur faire craindre le Dieu qui n’admet nul partage de son auto- rité, nulle restriction de son pouvoir, nul tempérament à. ses lois. La Bible seule était capable de les préparer a leur des- tinée; et mettre la Bible au cœur même des études profanes, c’était rendre un grand service a la cause. Nous avons vu notre jeune pédagogue tout occupé, semble- t-il, et mettre les récits bibliques en bon latin, a la portée des· jeunes esprits et, souci plus rare ai cette époque, des jeunes imaginations : ce n’est la que la surface. Nous allons le voir reprendre son travail et d’année en aimée accentuer le carac- tere 1noral et religieux qui en fait le fond. · Au texte des Dialogues, si frais, si alerte, si jeune cl`allure et souvent si naïf, les éditions posté1·ieures vont ajouter un commentaire qui lixe en quelque sorte les explications orales du maître :·d’abord, ii la fin de chaque dialogue, comme la I moralité a la lin d’une fable, viennent sous le titre de Sen- tenliœ les maximes qui résument l’enseignement moral ai tirer . du récit; en outre, l’auteur inscrit par des renvois e11 marge un certain nombre de 1·emarques ou observations provoquées incidemment par le texte : ces marginales adnotaliones ne sont presque jamais des notes philologiques; ce sont des réflexions d’ordre moral, des applications signalées et l’éleve souvent avec un vif accent personnel. Sentenliaz et adnotaliones ne · sont tres vraisemblablement que les notes memes du profes-