Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/236

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918 SEBASTIEN CASTELLION. «l’instruction ecclésiastique, défere au Petit Conseil toutes les infractions qu’il juge mériter plus que l’admonestation .simple. Ce ne sont pas seulement les actes de débauche, les scenes d.`ivrognerie, ce sont les fetes, les jeux, les danses, les propos légers qui deviennent l’objet de poursuites, et les oursuites so terminent suivant la ravi té des cas ar Q É l’amende ar la rison ar le bannissement. Le Petit Con-- ! p 7 sei], it la requete de Calvin (juillet 4545), double les peines établies « contre ceux qui commettent paillardise », et il 1lil1é·· site pas at en frapper un de ses membres '. Calvin, du reste, et c’est son honneur, n`épargne pas ses _ propres collègues quand leur conduite privée donne lieu ii quelque scandale, et il eut malheureusement plus d’une occa- sion de montrer à cet égard son impartialité, particulierement pendant ces premieres années ’. Cette conduite est noble autant que ferme 1 évidemment Calvin confond en toute sincérité les deux ordres d’idées, de personnes et de moyens 1 il veut faire régner la pure morale et la pure doctrine, l’une comme l’autre, l’une par lautre; il y attache le même prix, il les impose avec la même énergie, il se sent le même droit a réprimer au nom de Dieu, toute atteinte a l’une ou ài l`autre. Mal penser ou mal agir, c’est également se révolter contre Dieu. De la cette hauteur et cette fierté d’attitude, avec lac uelle I · Calvin semble se présenter devant l’h1stoire comme devant; ses contemporains. Mais de la aussi le pi1·e des dangers pour la conscience d`un homme, fut—il un homme de génie, pour la valeur morale de son œuvre, fut-elle une oeuvre héroïque. Comment échapper au vertige de la toute-puissance? Com- ment trouver en soi—mèmé une force de controle quand on 1. Am. nager, ibid., n, 183. · 2. Aimé Mégret, pasteur de Moing, surpris aux étuves avec des femmes suspectes, ainsi que deux autres prédicants; déposé en 1546. Plus tard Ferron, déposé pour avoir débauche sa servante; De la Cluse, pasteur in Neydens, it avait décumpé » (tô juin) laissant femme et enfants ct emportant huit écus de lu ville. u Voilà ce que fontles cabaretsécrit Calvin ii Viret(2juix1 1545, Opp. Cala., Xll, p. SS); il est d'nilleurs crible de dettes, venant de ce qu'il aime trop la honue chère. Je crains que d’autres ne suivent cet exemple, car nous avons deux collègues qui, en jeùnant pendant deux ans, pourraient ii grand'peine réglerleurs affaires; ils ne cessent pourtant pas de se glisser En la dérobée dans les cabarets et de consommer en quelques repas l’nrgent necessaire ii l'entretien de leur famille. » (Am. Roget, ibid., II, 173.)