Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/243

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LIAISON avec oernnc. 225 a ces Italiens : Italicis plerisgue ingeniis non malmm /id0'; il a donc causé it fond avec le nouveau venu, point par point, de omnibas fidei eapdtibns; et il l’a trouvé parfaitement <l’ac- cord avec la saine doctrine. Il a fait cependant une remarque V- et c`est un détail qui a son prix —— 1 Ochino a insisté sur l’inutilité des questions trop curieuses, il se refuse a suivre la théologie dans ses subtilités; « et le fait est, avoue Calvin, qu’il a bien raison. Comme la doctrine sobre et modérée des anciens vaut mieux que toutes ces tapagcuses que1·elles des sophistesl >> Il conclut par le témoignage le plus formel : << C’est un homme 1·emarquable par Pintelligence, par le savoir, par la sainteté ». A Geneve, Ochino ne demande rien a personne. Le prince Ascanio Colonna a pourvu et veut continuer de pourvoir Et ses besoins. Son grand souci (et n’en est-il pas de meme pour tous les proscrits ‘?), son unique préoccupation, c`est de com- muniquer encore avec la patrie. Cet homme qui n’avait jamais ecrit ne songe plus qu`a écrire pour parler enco1·e it l`Italieà ll parvient a y faire passer nombre de pieces, manuscrites 'ou imprimées : d'abor<l ses Sermons (Prealiclee) pleins de llamme et de vie où, par une touchante illusion, il s’imagine encore s’adresse1· a ses grands auditoires et y fai1·e passer le souflle de l’Evangile; puis ses Dialogues qui, par endroits, sont de vrais chefs-d’ceuvre de tl1éolog·ie familière et humaine; surtout ses Lettres justilicatives, son émouvante Epître aux magis- lrats de Sienne, sa patrie; sa réponse a la long·ue et belle lettre de l’humaniste Claude de Tolomei, qui avec beaucoup de dou- ceur et de dignité lui avait demandé l`explicalion de sa fuite, de sa conve1·sion; etplusieurs autres réponses a d’autres atta- ques, celles-la violentes et grossières, venant de moines et d’ahbés italiens. Ochino l],éGl`lV(lIl. volontiers qu`en italien. Il aurait eu de la peine ai se traduire lui-même en latin', il ne le lit que rare- ment : il avait le tempérament de l'orateur et un peu de l’improvisateur italien. Ses livres, ses traités même ont encore 1. Ilunzanis et divinix literis non mceliocriter imbutus, dit expressément Yannnlisle des Capucins, qui ne saurait être suspect dc la moindre indulgence, Boverio; mais on peut voir par le billet d'Ochino a Bullinger du 4 août 15îô, reproduit dans le livre de Benrneth, qu'il écrivait fort incorrectcment le latin. ' 15