Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/355

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LE SUPPLICE DE MICHEL SERVET. 337 A `l’état réel de l'opinion da11s le monde protestant contempo- rain sur cette tragique affaire et sur les questions de principe qu’elle soulevait. _ . Sans doute, au premier aspect, il semble —- et c`.est la légende ' qui naturellement devait prévaloir, — il semble qu’il y ait en la ·plus parfaite unanimité pour approuver la conduite de · ` Calvin. Tous les théologiens ,, tout le clergé des Églises suisses, puis tous les gouvernements des cantons p1·otestants, ài Geneve même tous les partis, y compris le parti hostile a Calvin, et peut at peu les plus illustres représentants de la Réforme en Allemagne, en France, dans tous les pays luthe- riens ou ealvinistes, semblent avoir donné it Calvin leur pleine adhésion depuis Mélanchthon jusqu`a Pierre Martyr, depuis Bullinger jusqu’a Sleidan. Si bien que l`on en est arrivé it écrire: « ce n’est pas Calvin qui est coupable de cette action, clest le protestantisme de son temps » *. Combien l`impression change, si de la légende on prend la peine de passer ai l’histoire. Les documents abondent aujour- d’hui’, et il ne faut aucun ellort d’imagination pour découvri1· une réalité fort différente de llEL[Èlj)tl.1‘C1lC€ premiere. Sans embrasser l’étude de cette question dans son ensemble , relevons—en seulement ce qui est indispensable pour la suite L de ce 1·éeit. . Ce 11`est pas un adversaire de Calvin, c’est 'l`l1éodo1·e de i Beze llll—11lCl]1€<(l£\l'lS sa premiere édition latine de la Vie de Calvin) qui, aussitôt apres le récit du supplice de Servet, ajoute : « Les cendres de ce malheureuxétaient Et peine refroi- dies que l’on se 1nit ai discute1· la question du ,Clli^Lll111CHlZ des hérétiques. Les uns accordaieut qu’il faut les réprimer, mais non pasleur infliger la peine capitale; les autres, sous p1·é— texte que Pliérésie ne peut jamais etre bien démontrée par _la parole de Dieu et qu’il est permis d’avoir sur tous les points sujet, que nous ne jugeons pas nécessaire _dc reproduire. On sail. que M. Tollin lui-même s`est voué ti _l’étude de Servct et a publié de nombreux ouvrages soit sur la vie et. la mort, soit sur les écrits et les doctrines du martyr espagnol quicst tt ses yeux un des plus grands génies religieux du siècle de la ltéforuie. 1. Tollin, ibid., p. ·l0. 2. Surtout grace n la publication de l`£Iisl0ire du peuple de Genève d'Amédèe Roget. ot. des Opera Calvizzi. · 22