Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/367

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aider ai se prononcer que Bullingerl, adressant Et ses [correspondants d’Allemagne un bref récit de ce qui s’est passé, ne leur parle de Servet que comme d`un blasphéniateur for- cené, qui vomissait dans ses discours et dans ses écrits les plus horribles outrages a la divinité. Bullinger se sert habituellement pour le désigner de l’expression 1 « ce monstre » (bastia). Ce u’esL pas dans sa bouche une injure, c`est simplement l’idée exacte cu’il veut donner et c’esl; bien celle · [ 7 que devaient avoir, ai la lecture de ses lettres, les étrangers qui ne savaient rien de Servet : ils —ne pouvaient se le représenter que comme une sorte de fou furieux en révolte contre toutes les lois ‘.

Si l’on veut une autre preuve de l'importance qu’attachaient les Contemporains à cette distinction, comme moyen d’apologie —- tant il est vrai que les esprits modérés en · étaient déja a chercher une apologie! — il faut li1·e les let- -tres du pasteur de Berne, le pieux \Volfgang Muslin (Musculus), tres attaché a Calvin, mais esprit sag·e et, nous ` l’avons déja dit ’, noble caractere. Blaarer lui avait commu- niqué la lettre de Fare]; Musculus n’en est pas content. Il sent si bien le besoin de fixer `l’opinion, et même l’opin·ion popu- laire sur ce point, qu’il essaie d’écrire un résumé de la « tragœdia Sereettwm >> dans une sorte de conlplainte com- mémorative en vers latins ou se lit ee passage tout ai fait significatif :

Hic triplicem nos bestiam
Et Satanae phantasmata
Deumque imaginarium
Habere dixit pro Deo ;
Et propter hanc blasphemiam,
Non propter errores graves
Quibus scatebat plurimis,
Flammis Geneva ; absumptus est 3.

1, Voir Si cet égard la lettre de Bullinger ii Brbius, 29 déc. 1553. (Opp. Cale., XIV, 721.) Cest aussi le sens de la derniere phrase souvent citée de sa lettre 51 Calvin du 13 décembre : ce serait un trait odieux de cruaiutnë froide si ce n’étuit une recommandation réitérée d’insister moins sur le fond théologique que sur l’nttenvtat itln piété publique: u Vide, mi Calvine, ut diligeuter et pie omnibus piis describes Servetum eum sue exitu, ul emncs ab/rorremzt a bastia wi.

2. Voir l s h ut, p. 245. _

3. 22 «lé§ed1brél1553. Opp. Calv., XIV, 700. Voir, plus loin p. 354, sa lettre du 27 fevrier 1554 à Blanrer.