Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/374

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356 SEBASTIEN cAsrELL10N. vérité 2 a cause d’ab0rd de la hrieveté de l’ouvrage, ensuite de l’obscurité qui en résulte et de la difficulté de la matiere. Et de fait, votre style dans ce livre semble ètre plus ardu. Nous n`en sommes pas moins convaincus que tous les gens de bien doivent vous en savoir gré, surtout ceux d’une cer- · taine instruction ‘. » · La réponse de Calvin est intéressante. Il explique sa conci- _ sion : il n’a pas voulu entrer dans trop de détails de peur précisément de compromettre l’impression même que Bul- linger lui avait tant recommandé de roduire a savoir u’il ¤ . . P ’ . . . ne s’ag1t pas de divergences théologiques, mais dimpietés grossières. Il ne s’apercoit pas que son style soit moins vif ou moins aisé qu’ailleurs. « Enfin », - ajoute-t—il avec une mélancolie qu’il faut noter, - « vous au moins, même dans vos critiques, vous Inc jugez avec équité. D’autres m'atta- quent durement, me reprochent d`être un professeur de cruauté, de poursuivre de ma plume un homme qui est mort de ma main. Il y a même des gens qui ne sont nullement malintentionnés et qui auraient voulu que je n`abordasse point cette question de la punition des hérétiques. Ils disent que tous les autres, pour éviter l'odieux, ont prudemment gardé le silence. Ce qu’il. y a de hon, c`est que je vous ai pour complice de ma faute, si faute il y a, puisque vous avez été l’inspirateur et l`instigateur de la publication. Tenez-vous donc pret, s'il le faut, au combat ’. >> Nous voila bien loin du concert d’éloges enthousiastes qui, d`apres la légende calviniste, aurait salué ce trop fameux traité. Sur l’accueil réel qu’il reçut en Suisse et chez les protestants des a s voisins “ nous ne multi Jlierons nas les témoiena es. c 1. Opp. Cala., XV, p. 90. · 2. Lettre en latin du 27 février 1556. (Opp. Cala, XV, 194.) 3. La plupart des renseignements que nous offre la correspondance ont trnit naturellement En la Suisse et à l’Allemagne. Qn peut lire cependant (Opp. (lulu., XV, p. 103-111) une lettre importante qui concerne une Eglise francaise. C'est une longue apologie de Calvin adressée à . un ancien prêtre convertià la Réforme et devenu prédicateur. qui, entre autres griefs, repro- chait très vivement a Calvin l’exécuti0n de Servet: tn Qucni tu capite plectendum non fuisse et privatim, et publice, mullis audienlibus, axseruixli ». L'uuteur (inconnu) de la lettre con- sacre deux ou trois pages a la réfutation de cette thèse munichéennc et donatistc, « neminem religionis causa nec urgendum esse nec credendum ii, a force de citations de l’Aneien Testa- _ ment, des Pères de l'Eglise et des lois théodosiennes.