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qui aient été faites dans notre langue des classiques de la médecine.

Puis vint (vers 1534) Eloy ou Loys du Verger (ou Vergier)[1], encore un de ces obscurs pédagogues de la Renaissance française dont il ne resterait aucune trace si par hasard une bibliothèque n'avait gardé quelque opuscule scolaire signé de leur nom. Nous en connaissons trois d’Eloy du Verger[2], dont une Grammatica latina pro pueris methodica ratione digesta, qui était très vraisemblablement le livre de classe des jeunes Lyonnais lors du séjour de Chatillon.

Du Verger fut dans la suite directeur du collège de Mâcon, et nous savons — par les lettres d’un de ses anciens élèves, qui fut l’ami de Chatillon, le médecin Benoît Tissier (Textor) — que, s’il ne s’est pas prononcé pour la Réforme[3], il y était tout au moins très enclin, ne cachait pas son admiration pour Calvin[4] et entretenait des relations avec les « évangéliques ».

A Eloy du Verger succéda un maître plus renommé, Jean Raynier[5].

Jean Raynier (Rainerius, Rænerius), d’Angers, était aussi, comme ses deux prédécesseurs, avant tout un homme d'enseignement; il avait déja publié ou il publia dans la suite, à défaut d’ouvrages scolaires originaux, plusieurs éditions de livres alors scolaires. C’est ainsi que Thibaud Payen faisait paraître, en 1538, en un petit volume presque élégant, les Auctores octo morales, ce fameux livre de chevet des écoliers

  1. Serait-ce un membre de la même famille que Mme du Verger, que nous trouverons chez Calvin, à Strasbourg (Voir chap. IV) ou que le Du Vergier gouverneur de Bourgogne?
  2. Voir Répertoire des ouvrages pédagogiques du XVIe siècle, p. 658.
  3. Une épigramme de Bourbon, qui lui est adressée (Nug., VII. Carmen CXX) semble louer sa prudente réserve.
  4. « Tibi ni fallor amicus et tuorum operum admirator pie curiosus », ecrit B. Textor à Calvin à la fin de 1544 (Opp. Calv., XI, p. 821). — B. Textor écrivant a Calvin de Mâcon (19 décembre 1542), lui communique un ouvrage de Du Verger, « consutum ex aliis, præsertim Erasmo, sed nonnulla continentem quæ mihi a vero dissident, quæ ægyptiam superstitionem resipiunt ». Il prie Calvin de le lire, de lui marquer à part les points erronés, mais de faire cette critique avec douceur et courtoisie, « omni convicio procul remoto ». Les savants éditeurs de Calvin se demandent en note et de quel homme et de quel livre il sagit. La seconde lettre de B. Textor (XI, p. 821) raconte en detail à Calvin les propos qu’a tenus à Du Verger un pasteur du pays de Neuchâtel, Robert Le Lonvat, l'ancien chanoine natif de Sézanne, au sujet des prétendues exigences qu'aurait eues Calvin à l'égard de l'imprimeur Jean Michel pour un Nouveau Testament de Claude Boysset.
  5. M. Charvet, qui donne la liste des principaux du collège (dans sa biographie d'Étienne Martellange, Lyon, 1874, in-8), écrit « Jean Renyer ».