Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/382

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364 SEBASTIEN 0ASrELL10N. . « que celà se doit faire le huitième jour après la nativité de l’enfant, « d’autant qu’on faisoit ainsi en la circoncision. » Estimes-tu, qu’un tel home doive estre mis amort pour celà? Je ne le pense point. Et s’il dit ainsi : « Je croy qu’un homme ne doit point estre baptisé, que « premierement il ne sache rendre raison de sa foy, et si je croioye qu’il « fust autrement 'e voudro ·e faire autrement: car cela ne me serait point . , *J . l . . . « plus difficile de baptiser un petit enfant, qu’un adolescent. Mais je n’ose « violer ma conscience, de peur que je n’otfense Christ, lequel a défendu

< par S. Paul son serviteur, que je ne face rien de quoy je soye en doute

« s’il est bien faict ou non. Car il me faut estre sauvé par ma propre foy, « et non pas par celle d’autruy. » Je te demande si Christ ui est le 'u¤e de tous estoit résent,s’il a 2 q ¤ z P commanderoit qu’un tel homme fust mis à mort? Parler ainsi du baptême en plein xv1° siècle, c`était prendre position sur un terrain singulièrement 11euf, a égale distance de Rabelais et de Calvin; c’était déplaire a la foule des croyants, tous également intraitables sur l’importance de leurs dogmes, sans plaire au petit nombre des gens d’esprit qui se cacliaient pour en rire. L`autenr pourtant n’hésite pas, il pousse son argument jusqu’au bout : Et ce que j’ay dit du baptesme, je veux qu’il soit entendu des autres passages de la religion qui sont en dispute, la où quelcun, croyant en Dieu et en Jésu-Christ son ûlz et luy servant selon sa conscience, erre en quelque chose ignoramment ou mesme nous semble qu’il erre. Car certainement, quand je considère les meurs de Christ et ·sa doctrine, lequel, ja soit qu’il fustjuste et innocent, néantmoins il a tousjours par- donne aux iniques et méchans et a commandé qu’on leurs pardonne · mesmes jusques à septante fois sept fois. Ces derniers mots, ce no1n de Jésus-Christ, ce souvenir de tant de sainteté unie a tant de miséricorde, l`amènent a exprimer sa vraie pensée avec son accent natif et o1·iginal. Elle s’échappe, comme par un élan involontaire, du fond de l’àme : · Je ne voy point comment nous pourrons retenir le nom de Chrestiens si nous n’ensuyvons sa clémence et douceur. Quest mesmes nous estions innnocens, si le devrions-nous ensuyvre : combien plus tost donc, quand nous sommes hommes couve1·ts de tant de pechez! Certes quand j’examine nia vie, je voy que mes pechez sont si grans, et en si grand nombre, que je ne pense point que je puissejamais obtenir pardon du Seigneur Dieu, si je suis prest à condamner ainsi les autres. Il faut donc que chacun s’examine soy mesme, espluche _et sonde diligemment sa conscience, et poyse a bon escient toutes ses pensées, ses parolles et ses faits, puis il verra, et se cognoistra facilement estre tel, qu`il ne peut tirer hors le