Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/392

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374 sEBAsT-mu casrutmou. infidélité, hérésie, envie, haine, c’est a faire au glaive de l’Esprit, qui est la parolle de Dieu. Que si quelqu’un trouble la République en batant ou frappant aucun soubz couleur de religion, le bon magistrat le peut punir comme faisant mal aux corps et biens, comme les autres malfaiteurs, mais non pour sa religion. Puis, entrant dans les détails, il expose avec la dernière précision que le pouvoir de l’Eglise se borne a excommu- nier l’impie, et celui du magistrat ai l’empêcher de faire « trouble et commotion dans la république >> : ' i Il vaudroit mieux laisser vivre cent, voire mille hérétiques que de faire mourir un homme de bien soubz ombre d’hérésie .... La foy et religion ne gist point en quelque cérémonie et chose indiiïé- rente, n’en quelque enseignement qui soit ambigu et douteux (car celui qui persécuteroit pourroit aussi bien faillir que le persécuté) comme sca- · voir comment c’est que l’on prent le corps et le sang de J.-C. en la cène, savoir si on la doit bailler aux petits enfants, attendu qu’on les baptise estant petits, ou s’il ne vaudroit pas mieux attendre qu’ils fussent grands et entendus, etc. ' Elle ne gist aussi pas en quelque poinct qui surmonte l’entendement de l’homme et duquel nous n’avons exprès passages de l’Ecriture, duquel on ne puisse douter, comme scavoir comment c’est que se doivent enten- dre ces trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ce nous doit estre assez de croyre qu’ilya une seule essence divine et trois personnes, sans beaucoup nous tournienter comment c’est qu’ils sont l’un avec l’autre. [ t , OPINION DE LUTHEK Le passage emp1·unté_a Luther est intitulé dans l’é<lition latine « Aretit Cathare ‘ cle maglstratu seculari secunda pars, in qua ostenclltur quant longe lateque pateat magistratus seeularis >>, et dans l`édiI;ion française : « Du magistrat sécu- _ lier, la seconde partie au l2`w·e cle Marlin Luther en laquelle est clémonslïé combien et jztsqaes ou S`estenCl le mag2`st1‘at séculier ». 1. Cette traduction grecque du nom de Luther u induit en erreur M. Jules Bonnet qui dit (p. 111); « Cet Arétius Catharus. ce pur zélateur de la vérité n'est évidemment qu'un second pseudonyme sous lequel se cache l'nuteur du livre ». Aucun des contemporains ne paraît avoir commis cette erreur, quoique le nom d'Arétius Cutharus ne fut pas un de ceux dont Luther ait usé souvent `