Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/426

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408 · SÉBASTIEN CASTELLION. ou encore le passage ou Montfortréclamc le « droit de douter >> comme le seul remede ai la tyrannie du pape, « a laquelle tyrannie il n’eust jamais sceu parvenir s’il eust laissé la reli- gion libre >> ‘. Parfois ce double caractere de la dialectique de Montfort, une argumentation serrée que releve une pointe de sarcasme, engendre une sorte d’éloquence mordante. On en trouve un exemple a la lin de sa discussion des opinions de l’Eglise : Je me fasche de refuter choses tant frivoles, qu’on amène pour esmou- · voir persecutions. On recueille soigneusement tout ce qui a esté dict et faict dès la création du monde, qui peut induire à espandre sang. Lequel il falloit estancher par tous moyens. On rejette le diet de Sainet Paul, par lequel il admouestoit Tite, qu’il evitast l’homme hérétique. —- « Paul escrivoit a un Apostre, disent-ils; s’il eust escrit à Sergius Paul, ou à quelque président, sans doute il luy enst prescript son otûce. » —- Je le croy ainsi; il enst prescript à Sergius qu’il enst à faire pendre tous les Juil`z, hommes hérétiques, et grans ennemis de Christ. O Paul, entens tu ces choses?... Cess0ns,je vous prie, de faindre et eon- trouver telles absurditez de Paul, et n’estimons pas qu’il fust semblable à nous 2.' . Ceci était une réponse directe ài Bullinger, qui dans ses Décades " avait trouvé cette triomphante distinction e11tre Paul écrivant à Tite et Paul écrivant à un gouverneur. Après la Bible, Montfort étudie les Peres. ll ne dissimule pas un instant que les deux avis ont été soutenus, quelquefois par deux empereurs qui se succédaient ‘, quelquefois par le même homme : c’est le cas de saint Augustin. Tout ce qu’il demande, c’est le droit de recueillir les « exemples de l’équité et clémence des anciens » pour les opposer aux exemples con- traires. Car, dit—il, « si vous rejettez leur clémence, qu’il nous soit licite aussi de rejeter leur violence, laquelle n’est pas de ·lésus—Christ » Quant ii saint Augustin, la déplorable faiblesse qu’il eut d’acqniescer à. la persécution apres l'avoir · combattue, a porté avec elle-meme sa prompte condamnation; _ 1 1. r. 129, L 2. P. 122. 3. S° sermon ile la 2** decade. 4. Ou regrette de ne pas voir cite le nom de Tertullien et sa belle maxime : Nan est reli- gionis cogeije religionem. Dans les discussions des lois impériales, on est frappé aussi qu’il n`uec0rde pas une mention plus spéciale ii Constantin et à l'edit de Milan. 5. P. 122.