Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/434

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M6 Arrnuoicu. les livres canoniques et les apocryphes; il les met implicitement sur le, même rang, laissant à chacun sa liberté d’appréciation. Il écrit, en outre, des préfaces comme celle·eî, placée en tête du 4** livre d’Esdras: « Ce livre ne se trouve qu’en latin mais c’êt en telle sorte que ie pense qu’il fut premièrement écrit en grec par quelqu’un qui ebraïsoit, comme nous voyons au Nouveau Testament. Nous l’avons _ ici mis avec les autres prophètes pour autant qu’il estoit aussi prophete, a/tn qu`on les ait tous ensemble. Or l’auteur même appelle ce livre le second. Mais... a cause qu’on a accoutumé de l’appcler le quatrième, nous sommes contens que ce nom lui demeure. >> Uintroduction au livre de Tobie est du même genre ·: « Ce livre se trouve en Ebrieu, en grec et en latin. lflïbrieu fut imprimé n`a guère. Quant au latin, Hierome dit qu’il le translata de Chaldée. ljhistoire s’accorde en somme en ees trois langues, mais en plusieurs endroits il y a différence. Nous l’avons traduit ` d’Ebrieu pourtant qu’il nous a semblé que e’e‘to·it le plus vrai. » ll dit à propos d’un fragment du livre d’Esther 2 « Pourtant qu`il semble qu’il ne vient pas bien au commencement, nous l`avons mis à la fin ». Voici l’annotation relative à Genèse, Vlll, 7. Noé ltlcha le corbeau, lequel sortit et retourna : « Au grec et au latin et en la Sibylle, il et écrit qu'il ne retourna pas; ie nc sai lequel est vrai. Tant y a que le proverbe françois qui êt « le message du corbeau » veut dire qu’il ne retourna pas. » ` On le voit, Castalion fait de la critique sacrée bien avant Cappel, qu’on considère à tort comme le premier qui s`en soit occupé. En outre, il ne croit pas au miracle perpétuel que Dieu eût eté obligé de faire pour préserver les textes originaux de toute altération. « Pourquoi, dit-il, ne se trouverait·il pas dans le texte hébreu des leçons fausses que l`on pour- rait redresser par des conjectures? Ce n’est qu’une superstition judaïque qui faitjuger la chose impossible. ll n’y a aucune ruison de c1·oire que Dieu ait veillé avec plus de soin sur les mots et les syllabes, que sur les livres eux-mêmes, dont plusieurs sont entièrement perdus : ainsi le livre des guerres de Jéhovah, le livre de Nathan et d’autres. » En conséquence Castalion « ue fait, d’apres R. Simon l, aucune difficulté de corriger quelquefois le texte hébreu selon les règles de la critique, qu'il observe assez judicieusement en plusieurs endroits ». Ces restitutions dénotent nécessairement une connaissance approfondie de l’hébreu. « On peut dire, ajoute le P. Simon 2, que Castalion était beaucoup plus habile dans les trois langues, hébraïque, grecque et latine, qu’aucun docteur`de Genève >>; et il répète encore ailleurs il qu’il y a peu de traducteurs de la Bible qui aient possédé ces trois langues aussi parfaitement que Castalion. i Il ou 'ruxrc oiuciniu., nes vanmurms ET mns Noms, nes Tnaoucrious Auriànieunus ou’n. A cousunréus Sans recourir aux manuscrits, Castalion s’est fait un texte grec du N. T., en choisissant dans les editions imprimées les leçons qui lui parais- . 1. Ilisl. crit. du N'. T., p. 324. i Ibid. . , llist. crttiq. des versions du N. T., p. 275. , . —