Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/77

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UE L’|lUM.·\NlSME A LA RÉFOIKME. 59 goulème! Que serait-ce encore si ai ce tableau du monde des lettrés, pénétré jusqu’aux moelles des idées de réforme, nous joignions celui du clergé parisien ‘, de l'épiscopat français, de la magistrature et du parlementt', où nous retrouverions en tant et de si beaux exemplaires le même esprit gallican qui était bien ai ce moment l`esprit public! · Comment donc un mouvement si régulier et si général, si spontané a la fois et si réfléchi, a-t—il avorté? Comment le sou- , venir en a-t—il si vite disparu que l’on semble aujourdhui glisser dans le paradoxe ou dans la fantaisie quand on retrace telle qu’elle fut la France des premières années de Fran- cois I", toute prête ai suivre non la réforme allemande, mais une réforme sui generis inspirée par l’élite du clergé et de la nation? · Le mouvement échoua par sa facilité meme, par sa modé- ration, par sa sagesse. Oui, ces humanistes et ces lettrés, ces curés et ces évêques, ces magistrats, ces bourgeois et ces seigneurs, tous sont à quelque degré partisans des réformes, mais ils le sont préci- sément parce que tout le monde l’est, et connue tout le monde. Ils le sont avec les plus grands noms de l`Église et de la noblesse, ils le sont avec la cour, avec le l'Ol. Ce premier élan auquel ils ont obéi, tout l’eucourage autour d’eux, tout l’approuve, tout le seconde. Quoi de plus naturel en effet que cette joie du réveil, cette délicieuse surprise de l’esprit a se sentir vivre et respirer librement! Ce que nous appelons Renaissance au XVI': siècle, ce qu’on appelle1·a le Progrès au XVll1°, e’est le ressort même de la vie dans l`homme et dans l’humanité. Seulement il s'y ajoute, au XVl° siecle, ce charme indéfinissable du premier enivrenient de l`adolescence : une éclosion, un épanouisse- ment, un printemps de l’esprit. Que rien n’entrave cette Horaison naissante, et elle va se déployer dans toute sa frai- cheur, riche, magnifique, luxuriante. Mais si l`0l‘3.g'€ éclate, 1. Un des plus caractéristiques épisodes de l'histoirc du clergé de Paris ii cette époque a été raconté par M. N. \Veiss : lllaîlre .IW·anç0i.r Landry, curé de Sainte-Croix: en la Cité (/540-/557), dans le zmzmm de la soc. wam. du pm. p., mai·1SSS. 2. Sur ce que le Parlement contenait encore vingt uns plus tard de partisans de la tolerance, _ voir Yètude de M. Lelièvre sur Anne du Bourg, dans le Bull. de la Soc. d’l1i.st. du prot. /2*., 15 mm 1ssv.~