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ENTRE DEUX RIVES

sentons la colère envahir nos âmes, quand nous songeons aux malheurs que le militarisme prussien a déchainés sur le monde européen… Nous avons une autre raison aussi de leur en vouloir, que l’on ne saurait condamner : c’est qu’au-delà de soixante mille Canadiens sont morts en France, face à l’ennemi, que près de cent quatre vingt-dix mille officiers et soldats vont revenir, blessés, mutilés à jamais, infirmes et malades, que trois mille prisonniers de guerre ont eu à subir l’oppression allemande, et que notre pays s’est fortement ressenti de ce choc sanglant et qu’il a dû imposer de lourds sacrifices à ses enfants pour envoyer se battre à vos côtés plus de cinq cent mille Canadiens…

Ceux qui doivent revoir le toit familial, nous les accueillerons avec des fleurs, des sourires, des baisers, nous tâcherons de leur faire oublier les souffrances endurées pendant des mois et des mois, puis l’enthousiasme du retour fera place à la souvenance attristée de ceux qui dorment dans les Flandres leur glorieux et dernier sommeil, et nous irons, le soir, prier longuement pour eux dans l’ombre de nos églises…

Mon cousin, les jours de carnage et de tuerie ont pris fin, la guerre est terminée, et mon rôle de mar-