Page:Ferrand - Fables et légendes du Japon, 1903.djvu/13

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la porte en bois d’acajou, sur laquelle scintillent des émeraudes. Elle s’ouvre d’elle-même et Taro pénètre dans l’appartement de la déesse. C’est une salle immense, dont le plafond en corail est soutenu par vingt colonnes de cristal. De nombreuses lampes en vermeil y donnent une douce et brillante lumière. Les parois sont en marbre parsemé de rubis et de pierreries diverses. Au milieu de toutes ces merveilles, assise sur un trône de diamant, ornée de ses plus riches parures, et environnée de toute sa cour, se tient Otohimé, la déesse de l’Océan. Elle est extraordinairement belle, plus belle que l’aurore à son lever. Lorsque Taro la vit, elle le contemplait avec son plus gracieux sourire. Il voulut se prosterner. La déesse ne lui en laissa pas le temps. Se levant de son trône, elle s’avança vers lui, majestueuse et aimable, et lui prenant affectueusement les mains :

— Soyez le bienvenu ! lui dit-elle. J’ai appris que, hier soir, vous aviez sauvé la vie à l’un des sujets les plus vénérés de mon empire. J’ai voulu vous en exprimer de vive voix ma sincère reconnaissance, et voilà la raison pour laquelle je vous ai fait venir ici.

Taro ne savait que répondre. Il se tut. Alors, sur un signe de la déesse, on le fit asseoir sur un coussin en soie, cousue de fil d’or. On lui apporta une petite table en ivoire, sur laquelle étaient posés, dans des plateaux de vermeil, toutes sortes de mets appétissants. Taro fit un repas, comme il