Page:Ferrand - Fables et légendes du Japon, 1903.djvu/15

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au-dessus d’un verdoyant gazon ; de nombreux rossignols y modulaient leurs délicieuses romances ; des alouettes y faisaient leur nid.

Au sud s’étendait le parterre de l’été : là, des pommiers et des poiriers, dont les branches pliaient sous le poids de leurs fruits. Des cigales y remplissaient l’air de leurs cris assourdissants et monotones. Il y régnait une grande chaleur, tempérée par un doux zéphyr.

L’automne était représenté par le parterre de l’ouest. Le sol y était couvert de feuilles jaunissantes et de bouquets de chrysanthèmes. Enfin, le parterre de l’hiver était au nord : c’était un immense tapis de neige, entourant un étang de glace…

Taro passa sept jours dans ce palais enchanteur. Fasciné par toutes les merveilles qui s’offraient à ses regards, charmé de la bonté que lui témoignait la déesse, et du bien-être qu’il éprouvait auprès d’elle, il avait oublié son village ; il ne songeait plus à son vieux père, à sa femme, à ses enfants, à sa barque, à ses filets. Un jour pourtant il s’en souvint, et la tristesse le prit.

— Que doit penser mon père, se dit-il, d’une si longue absence ? Combien ma femme et mes enfants doivent être inquiets, et attendre mon retour ! Ils me croient peut-être mort, englouti au fond de l’Océan ! Et ma barque, qu’est-elle devenue ? Et mes filets ?…

Alors, Taro résolut de partir. Il en parla à la déesse. Celle-ci essaya bien de le retenir encore, mais