Page:Ferrand - Fables et légendes du Japon, 1903.djvu/16

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toutes ses instances demeurèrent infructueuses. Ce voyant, la belle Otohimé le prit à part dans sa chambre secrète et, tirant du fond d’un coffre une petite boîte en laque, elle la lui donna, en disant :

— Puisqu’à tout prix vous voulez partir, Monsieur Ourashima, je ne vous retiens plus. Tenez ! Emportez cette boîte, comme souvenir de moi et de votre séjour ici. Mais promettez-moi que, quoiqu’il arrive, vous ne l’ouvrirez jamais. Monsieur, retenez bien mes paroles : le jour où, cédant à une curiosité coupable, vous ouvrirez cette boîte, vous êtes un homme mort.

Taro accepta le présent avec beaucoup de reconnaissance. Il promit que jamais il n’ouvrirait la boîte, quoiqu’il puisse arriver. Puis la déesse l’embrassa sur le front, elle l’accompagna jusqu’au seuil de sa porte, et ils se séparèrent. Le pêcheur remonta sur le dos de la tortue, et celle-ci le ramena au rivage…

Taro est de retour. Mais, comme tout a changé pendant son absence ! Les arbres qui se trouvent à l’entrée du bourg ne sont plus ceux qu’il était habitué à y voir. Le village s’est agrandi ; il y a des maisons nouvelles, des maisons comme il n’en a jamais vu de sa vie. Quel n’est pas son étonnement de ne plus retrouver aucune de ses connaissances ! Tous les visages qu’il rencontre lui sont entièrement inconnus !

Ne comprenant plus rien à cette soudaine métamorphose des hommes et des choses, Taro ne sait que penser ni que croire. Il lui tarde de retrouver