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veuve. Les deux fils reconnaissants abandonneraient sûrement leur projet de vengeance, et la paix serait rétablie.

Usagidono approuva pleinement la géniale et généreuse proposition de son maître. Il fut donc convenu que tout le monde se rendrait à la fête et que le lièvre blanc annoncerait publiquement la chose. Là-dessus, le visiteur prit congé. Gombéiji, Tora et Usagidono se couchèrent, l’âme heureuse et le cœur plein d’espérance.

Le moment solennel est arrivé. De toutes les montagnes avoisinantes, les lièvres accourent par groupes joyeux. Ils se réunissent sous une vaste tente, dressée au pied d’un pin énorme et tendue de drapeaux et d’oriflammes qui battent au souffle de la brise. Les salutations d’usage terminées, le repas commence.

Plusieurs centaines de lièvres sont assis, formant un immense cercle. Chacun a devant soi la minuscule table qui porte la fiole de saké, l’assiette de poisson découpé en tranches et la tasse de riz. À la place d’honneur, sur un siège plus élevé, est assis Usagidono, président de la réunion. Il a à sa droite le vieux Gombéiji, et à sa gauche la vieille Tora.

Les deux jeunes blaireaux s’étaient approchés en silence, étouffant le bruit de leurs pas. Ils avaient revêtu leur costume de guerre, et portaient au côté deux sabres à la lame effilée. Ils regardèrent à travers les fentes, et aperçurent leur ennemi. Yama-