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Que je descends, de père en fils,
D’honnêtes chats, grands croqueurs de souris,
Fort estimés dans leur patrie,
Mais jamais alliés dans l’Afrique ou l’Asie ;
Ce seroit, je l’avoue, un procédé bien bas
D’accepter tous vos dons, ne les méritant pas.
De votre bon dîner j’entends sonner la cloche,
Oui, je vois un agneau que vers vous on approche.
Je vous quitte, excusez mon importunité,
Et recevez mes yeux pour Votre Majesté.
Le fin matois disoit, en rejoignant son maître :
Qu’on doit se savoir gré d’aimer la vérité !
Si j’avois eu la sotte vanité
D’être parent du tigre, un chat de qualité,
Je ferois à présent le dessert de ce traître.
Oh ! ne croyons jamais ce qu’un méchant nous dit,
Et fuyons les seigneurs de si grand appétit.



FABLE XCIX.

LE MISANTHROPE ET SON AMI.


Sans femme, sans procès, sans sujet de chagrin,
En proie à la misanthropie,
Un homme ennuyé de la vie
Très-souvent désiroit sa fin.
Tout en pestant contre le genre humain,
Il fournissoit une longue carrière ;
Car il étoit octogénaire,
Enfin Cloto pour lui se lassant de filer,
Sa santé vient à chanceler,