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Voisine d’un grenier magasin de pâture.
L’oiseau de Jupiter s’abattit tout auprès
Et du peuple oisillon distingua les caquets.
Toujours les babillards découvrent les secrets,
Dit l’aigle, et je rends grâce au ciel de l’aventure,
Car c’est juste le temps de mon meilleur repas :
À présent je n’aurai plus d’autre course à faire
Avant de regagner ma demeure ordinaire.
Cache étroite et profonde offre un grand embarras ;
En tirer nos jaseurs est un point nécessaire,
Et l’ordre d’en sortir annonce le trépas.
L’aigle, comme on le sait, n’est pas roi débonnaire :
Il appelle, il se nomme, on ne répondit pas,
La mésange pour elle avoit l’expérience.
Puis, toujours bonne mère a ruse et prévoyance.
Enfin elle répond : fuyez, fuyez ces lieux,
Tout est malade ici, l’air est contagieux,
Sans cela vous eussiez reçu notre humble hommage.
Ah ! nous mourrons sans voir reverdir le feuillage !
— Quoi ! ne savez-vous pas que j’ai pour les oiseaux
Le talent de guérir à l’instant tous leurs maux ?
— Oui, les faveurs des dieux furent votre partage ;
Sur leurs dons inégaux sage oiseau ne dit mot.
Vous eûtes encor l’avantage
D’obtenir un gros bec, forte serre et courage,
Et la prudence est tout mon lot :
Je n’en murmure point et j’en sais faire usage.
Commère, lui dit-il, tu sais bien deviner,
Et pour mon appétit c’est trop bien raisonner.
Adieu, jusqu’aux beaux jours. J’irai voir ton bocage,
Tu te porteras mieux en vivant sous l’ombrage.