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Appétit de chasseur le doit rendre excellent.
On obéit, la bête est égorgée ;
Ou grillée, ou rôtie, elle est toute mangée.
L’enfant au palais de retour,
Raconte au souverain, et comme un plaisant tour,
L’ordre qu’il a donné, tout ce qu’il vient de faire,
Mauvaise chasse et pourtant bonne chère.
Quoi ! dit Akataïs, rougissant de colère,
Vous osez ordonner de tuer ce mouton
Chez les plus pauvres gens qui soient dans ce village ?
De votre père, hélas ! c’étoit un don
Qui devoit quelques jours soutenir leur ménage :
Sans pitié commander cette mort… à votre âge !…
Mais plus grand vous prendrez et la vache et le veau,
Plus grand encor tout le troupeau ;
À ceux qui s’en plaindront vous ôterez la vie :
Rien n’arrête en son cours l’affreuse tyrannie.
Sortez, disparoissez pour un an de ma cour ;
Qu’il soit gardé dans la plus forte tour.
Le coupable, contrit, honteux de l’aventure,
Subit sa peine sans murmure.
Pour tirer plus de fruit de la correction,
Mettre à profit sa solitude,
Il consacra son loisir à l’étude.
Son esprit s’éclaira, son cœur devint si bon,
Si juste et de plus si sincère,
Qu’après cette utile prison
Timour par ses vertus enorgueillit son père.
Toujours chez l’indigent il répandit ses biens,
Et jamais ne mangea de moutons que les siens.