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Cet ennuyeux réduit qui cache vos appas,
Vous doit causer une tristesse extrême.
— Pauvre idiot ! qui ne devine pas
Que je vis près de ce que j’aime.



FABLE CV.

LE SEXAGENAIRE ET LE JEUNE HOMME.


Un jouvenceau disoit à l’honnête Cléante :
Jamais je n’aurois cru le monde si méchant.
À tout il porte envie, à l’esprit, au talent ;
Tour à tour on lui plaît, il vous loue, il vous vante,
Il vous déchire, et vous tourmente.
J’attendois un emploi pour moi très-important,
Voilà qu’un faux ami me trompe et me supplante.
Même parmi ces gens que l’on appelle heureux,
Dont la fortune est solide et brillante,
J’ai rencontré des envieux.
Quel odieux défaut que cette basse envie !
Dites-moi donc, Cléante, et je vous en supplie,
Si vous savez quelque moyen
Qui la retienne et la force à se taire !
— J’en sais un, ce n’est pas chose facile à faire,
Mais du parfait repos c’est l’unique soutien,
Restez pauvre, Damis, soyez homme de bien,
Religieux et bon, modeste, autant que sage ;
Du monde je connois l’usage,
Il ne vous envîra plus rien.