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Gardons-nous d’imiter de ce fou l’impudence ;
C’est un bienfait du ciel de voiler l’avenir :
Plus de maux que de biens on doit y découvrir ;
Sur ce point seulement chérissons l’ignorance.



FABLE CIX.

L’AIGLE ET SON FILS.


Sur un gros tas de joncs, produit d’un marécage,
Par-ci par-là, des grenouilles sautoient ;
Quelques reptiles se traînoient
Près d’elles, sur les bords de leur sombre rivage.
Un jeune aiglon voulut fondre sur eux :
Gardez-vous-en, lui dit son père ;
Du foible ayons pitié, protégeons sa misère.
Nous sommes rois des airs, nous parcourons les cieux,
Nous admirons de près l’astre qui nous éclaire
Et nous portons le dieu qui lance le tonnerre ;
Oui, nos destins sont assez beaux :
Laissons en paix les habitans des eaux
Et ceux qui rampent sur la terre.