Page:Ferrandière - Œuvres, 1816.pdf/144

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(136)

Pour rendre votre règne heureux autant qu’auguste,
Et rétablir l’ordre dans nos forêts,
Soyez tout à la fois sévère, bon et juste ;
N’appelez au conseil que le vrai citoyen,
Et donnez-lui le beau droit de vous dire
Dans tous les cas : Vous faites mal ou bien.
Pour assurer la gloire où votre cœur aspire,
Et que pour vous, hélas ! en mourant je désire,
Il vous reste encor un moyen :
Bannissez sans retour, même avant que j’expire,
Tous ces animaux malfaisans,
Ces loups avides et méchans,
Singes, renards toujours prêts à tromper les grands,
Et vous verrez bientôt refleurir votre empire.



FABLE CXXII.

L’HOMME VERTUEUX ET L’HOMME VICIEUX.


Non, je ne puis souffrir tes goûts, ton caractère,
Disoit un riche avare, injuste, sanguinaire,
Au mortel le plus doux et le plus bienfaisant,
Bref aussi bon que l’autre étoit méchant.
Je suis ravi de te déplaire,
Répond l’honnête homme à l’instant ;
Oui, c’est prouver que de toi je diffère.
Ta haine enfin me rendroit glorieux
Si je n’avois des travers, des caprices ;
Mais en voyant ton lot le mien me semble heureux.
Qui n’a que des défauts doit rendre grâce aux cieux,
Car il pouvoit avoir des vices.