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En troublant son repos tu perds aussi le tien ;
Je ne te fais point tort, je ne demande rien
Que de rester ici tranquille.
Du mal que tu me veux tu te repentiras,
Si près du feu, tu grilleras :
L’injustice souvent s’attire du dommage.
Tandis qu’il débitoit cette vérité-là
Du chien la belle queue en entier se brûla ;
Ce fut alors autre tapage ;
Mais notre bon reclus fut paisible en son trou.
Il n’est qu’un méchant ou qu’un fou
Qui puisse tourmenter le sage.



FABLE CXXV.

LA CHÈVRE ET L’ÂNE.


Un âne entend des cris, l’autre jour, en paissant :
Cet animal est doux et bon de sa nature ;
La couleur dont Buffon a tracé sa peinture
Doit le faire estimer, le rendre intéressant
Pour nous et la race future.
Revenons aux cris qu’il entend,
D’une chèvre ils partoient pleurant son cher enfant.
Ce n’étoit plus la légère Amalthée[1]
Allant de-cà, de-là, toujours en bondissant,
Et dès le matin ravageant
Ou la feuille ou la fleur par l’aurore humectée :
De ses amours un loup lui ravissoit le fruit.
La douleur tient du caractère :

  1. Nom de la chèvre qui nourrit Jupiter.