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FABLE CXXVIII.

LE BŒUF ET LE COCHON.


Le bœuf et le cochon alloient de compagnie
Tristement à la boucherie,
L’un et l’autre bien gras. Les hommes ont grand soin
De tous ceux dont ils ont besoin.
Le bœuf ne cessoit pas de gronder, de se plaindre,
Et disoit au cochon, ne pouvant se contraindre,
Vous étiez destiné de tout tems à la mort,
Vous n’étiez bon à rien, moi, j’ai rendu service
Et me faire mourir c’est horrible injustice,
Je méritois un autre sort :
Les humains sont ingrats, ce fut toujours leur tort.
Son compagnon repart, le lâche ! mets des bornes
À ton chagrin, et ne t’en prends qu’à toi.
Si le ciel m’eût donné tes forces et tes cornes
L’homme n’auroit osé mettre la main sur moi.
Et quel intérêt peut on prendre
À celui qui se plaint au lieu de se défendre ?