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Au prophète il valut riche épouse et bien chère[1].
Mais je reviens à mon chameau fameux,
Digne héritier des mœurs de son antique père.
Utile en travaillant il est toujours heureux,
Fidèle à son devoir et souple et vigoureux,
Oui, portant sur son dos marchands et fortes sommes.
L’animal ennuyé, lui dit : mais dans ces lieux
Tous les gens que je vois ne sont-ils pas des hommes
Qui n’ont en ces climats aucun besoin de moi ?
À quoi bon leur conter ma généalogie,
Les soins et les travaux qui partagent ma vie,
La force et les talens qu’il faut dans mon emploi ?
Inutile détail ne me semble pas sage.
Vantez leur ma docilité,
Ma patience et ma sobriété,
Car dans tous les pays l’homme en doit faire usage.



FABLE CXXXVI.

LES DEUX PRINCES D’ASIE.


Deux princes du Thibet disputoient une terre
Qui contenoit mines d’or et d’argent.
Leur peuple murmuroit, il étoit mécontent,
Pour terminer plutôt cette cruelle guerre

  1. Cadisje ou Cadisja, riche veuve, tira Mahomet de la misère en l’épousant. Quoique plus âgée que lui, il la préféra toujours à ses autres femmes. Lorsqu’elle mourut, pour mieux conserver le souvenir de celle qu’il avoit tant chérie, il voulut qu’elle fût enterrée sous le lit où il couchoit.